samedi 19 juillet 2014

Xi'an, champignons et terre cuite (5 jours)

Pour tenter de s'imprégner de la vie locale, on décide de faire quelques jours de volontariat dans une ferme de champignons où l'on s'imagine participer à la cueillette. Certe la Chine ne manque sans doute pas de main d'œuvre, mais il s'agit plus ici d'échange interculturel. Le but est de retrouver une certaine routine qui manque parfois au voyage, et de rencontrer des gens pendant quelques jours. De voir quels liens ont peut nouer avec eux.

Quelques jours avant, nous avons échangé par mails dans un anglais très correct. On espère donc pouvoir un peu plus communiquer avec les chinois que par des gestes et Google Traduction.
Dans les faits, la responsable qui parle anglais nous amène en voiture en banlieue de Xi'an, nous présente l'équipe, et s'en va ensuite, ne revenant qu'une ou deux fois par jour pour voir si tout se passe bien.
Nous serons donc avec 8 jeunes chinois (3 garçons, 5 filles) d'une vingtaine d'années ne parlant pas du tout l'anglais, à l'exception d'une fille qui le baragouine un peu.

Et nous avions mal compris, on ne va pas cueillir des champignons mais participer à la culture de graines de champignons, procédé microbiologique où l'on fait fermenter de la terre pour y mettre ensuite les graines (de ce qu'on en a compris). Ça sent assez mauvais et les jeunes s'enferment régulièrement en chambre stérile, des masques sur le visage ; l'air ne nous parait pas très sain. 

Le premier jour on aide à mettre la fameuse terre dans des sacs plastiques. C'est simple, répétitif mais pas désagréable. 


Le deuxième jour, ça se complique, ayant très mal dormis, coincés sous nos moustiquaires, constamment réveillés par les moustiques tigres (les gros qui filent le palu) hargneux et déçus de ne pas pouvoir manger à leur faim. Laurent chope en plus une nouvelle tourista. Leila fait ce qu'elle peut pour participer, en déplaçant ailleurs les sacs de terre stockés la veille, pendant que Laurent se repose.
Le lendemain c'est le contraire, et c'est Leila qui épuisée doit siester la journée. Activité du jour : découpage de papiers journaux au cutter. 

Au final, on hésitait entre 3 et 5 jours, et on se décide à partir à l'hôtel à la fin de ce troisième jour, épuisés et malades.
Expérience un peu limitée, mais qui nous a quand même permis de côtoyer de jeunes chinois. Nous avons eu quelques échanges et avons joué aux cartes les rares fois où nous avons pu les décoller de leurs téléphones. 

Le dernier soir, on a été invité par la gérante à aller sur la place du village. Leila s'est initiée aux danses collectives qui sont ici quotidiennes, et permettent à toutes les femmes, de la jeune fille à la mamie, de bouger leur corps en rythme. Laurent a de son côté affronté les pongistes du village, avec leur style si particulier, "à la chinoise". 



C'est bien de voir que la vie collective est encore très forte ici, et que ces gens ne restent pas enfermés chez eux. Tout le monde est là, discute, rigole, danse, joue. 

Pour les deux derniers jours, après s'être requinqué dans un hostel très confortable, on fait un tour dans le quartier musulman et on va voir l'armée de terre cuite.
Le premier est un ensemble de ruelles remplies de boutiques, de restaurants, d'échoppes de rue, et est le centre touristique de Xi'an. On s'y fait culinairement plaisir après les déceptions de Pingyao et de la ferme. 

Le quartier musulman (touristique) de Xi'an




A l'extérieur de la ville, la Terracotta Army est la Big attraction. Étape quasi obligatoire, même si au final on en a déjà tout vu à la TV ou dans les guides. C'est effectivement impressionnant de se dire qu'un empereur s'est fait enterrer avec tous ces soldats pour se protéger dans l'au-delà. L'aménagement du site, gigantesque et très fonctionnel, permet d'accueillir une foule énorme de touristes, là encore presqu'exclusivement locale.



N'ayant pas pu avoir de billets pour un train de nuit, on part le lendemain pour Guangyuan, de jour. Après une nuit dans cette ville de transition, on rejoint le parc national de Jiuzhaigou en bus, où nous allons reprendre contact avec la nature, et surtout admirer des lacs turquoises et de nombreuses cascades.

dimanche 13 juillet 2014

Qikou, Lijiashan, Pingyao, authentiques puis touristique (4 jours)

9h de train nous emmènent à Pingyao, et ça n'est qu'un trajet classique, comme on va s'en rendre compte par la suite. Les distances sont tellement grandes, les moyens de transport assez lents (80/100 km/h max) et les changements souvent nombreux, on passe donc beaucoup de temps à rouler. 

Pas désagréable pour voir les paysages chinois, mais laissant moins de temps pour visiter ou s'arrêter.

Ici, pas de wagon-bar servant des sandwichs à 8€, on s'était donc organisé en conséquence. 2 boîtes de nouilles chinoises qu'on peut remplir dans un des distributeur à d'eau chaude du train.
C'est une des choses agréables en Chine : il y a très souvent un distributeur d'eau bouillante (train, gare, hôtel, lieux publics, etc.) pour pouvoir se faire du thé ou des nouilles quand on veut.
Moins appétissant, les seuls sandwichs possibles sont à base de saucisse sous vide et de pain brioché. On peut se rabattre sur les œufs durs sous vide ou les pâtes de poulet sous vide, mais pour l'instant on n'a pas très envie de tester...

On se demande encore à quoi peut être la saucisse chinoise ?...

Le trajet nous confirme l'impression d'une Chine "en travaux", et même Pingyao, qu'on attendait rempli d'anciennes maisons pleines de charme, est minée par les chantiers dès qu'on s'éloigne des rue touristiques.
On débarque dans un hostel très sympa, rempli de jeunes venant d'un peu partout.

Hostel à Pingyao

Ayant dans l'idée d'aller à Lijiashan, on est tenté de s'y rendre via l'auberge qui y propose une excursion A/R pas trop chère.
Sachant, qu'on s'était dit vouloir sortir un peu des sentiers battus et prendre notre temps, on décide finalement d'y aller par nous même, malgré la difficulté du trajet : bus + bus + bus !!!
On se rend compte qu'on apprécie de moins en moins cette industrie des back-packers, basée sur des guesthouses ne pensant qu'à vendre leurs circuits tout fais, sans authenticité, autour d'une bière. Mais où est le thé vert ? :)
On arrive le lendemain après-midi à Qikou (prononcer Tchikow), petit village au pied de Lijiashan qui mérite le détour, après quasiment 7 nouvelles heures de transport !
Hôtel très sympa mais rempli de touristes... chinois ! Et oui, pas beaucoup d'occidentaux depuis qu'on est passé en Chine, mais énormément de tourisme intérieur, nouvelle preuve de la bonne santé économique. On prend donc le dortoir, seule chambre disponible, dans lequel nous aurons la chance d'être tranquille.

On se repose, on se promène, on admire le fleuve et le joli temple du Dragon Noir.
Ici c'est calme, loin des villes.

Temple du Dragon noir

Joueurs de Go

Le lendemain, on va dormir à Lijiashan, encore plus reculé dans la montagne.
L'hôtel est de type troglodyte, comme tous les logements du village, allant des fois jusqu'à une superposition de 11 habitations ! Le lit est construit en brique, au fond sur toute la largeur de la pièce, comme traditionnellement dans la région. C'est dur, mais confortable. 

Chambre troglodyte

C'est très beau et on ne regrette pas d'être venu par nous-mêmes. On prend notre temps. On rencontre des villageois adorables et des petits vieux fumant la pipe.

Lijiashan, village troglodyte

Le soir, étonament, on rencontre Blandine, une française qui voulait aussi découvrir ce village, et qui va comme nous visiter Pingyao le lendemain.
Cerise sur le gâteau, elle parle chinois !!!
On décide d'y aller ensemble, ce qui nous simplifie à tous le retour, et pour fêter ça on partage une bière face à la montagne, avant d'aller au barbecue auquel nous ont invité des élèves chinois en week-end.
Ambiance très différente de chez nous, où chacun est dans son coin ou dans un petit groupe, sur son téléphone ou en train de brailler une chanson (les chinois sont fans de karaoké). Pas trop d'échanges entre eux, pas de discussions, et pourtant on sent un esprit de groupe.
On nous offre à manger 10 fois alors qu'on sort tout juste de table, mais il est difficile de refuser cette générosité.
Il y en a une qui parle anglais avec qui on rigole bien, avec les autres le dialogue est plus compliqué.

Le lendemain, on remet le cap sur Pingyao pour cette fois-ci l'explorer de fond en comble, toujours avec Blandine.
Un billet donne accès aux remparts et à l'ensemble des monuments ; essentiellement de grandes demeures agencées autour de très jolies cours, des temples, l'ancien palais du gouvernement et des banques. C'est en effet dans cette petite ville que, sous l'impulsion de marchands qui faisaient fortune, ont été créés les premières banques au monde.
L'ensemble est très joli, très mignon, même si cela a été restauré il n'y a pas longtemps et que tout fini par se ressembler.
De nuit, c'est aussi charmant, avec des lanternes rouges chinoises de partout.




Le hic est l'absence de bons restaurants. On a eu beau chercher, et le Lonely aussi, pas une table correcte en ville.
Pour compenser, on s'offre les deux soirs des massages, en insistant sur les pieds qui sont fatigués après ces plus de 100 jours de voyage.

Notre prochaine étape se nomme Xi'an, la ville où siège l'armée de soldats en terre cuite, la terracotta army, un des deux endroits les plus visités en Chine avec la grande muraille.
On quitte Pingyao et Blandine avec le proprio de l'hôtel qui nous dépose juste après un péage d'autoroute où on "choppe notre bus au vol".

Datong, premier contact avec la Chine (3 jours) +-0h vs. Mongolie

Suite à notre séjour en Mongolie, et malgré tout le bien et les bons tuyaux qu'on nous avait dit et donnés sur Bejing (Pékin) ( nous aurons peut-être l'occasion d'y aller un autre voyage), nous avons choisi de sauter cette étape chronophage pour passer plus de temps dans des petit(e)s vill(ag)es, à commencer par Datong.
Avec "seulement" 1 million d'habitant, on peut la considérer comme telle. Drivée par l'industrie minière, on a l'impression que c'est une ville assez riche.

On y arrive après un long trajet qui nous a donné un aperçu de la Mongolie Intérieure, puis de la "vraie" Chine.
Centrales nucléaires et lignes haute tension, on n'avait pas vu de telles infrastructures depuis notre départ.
Constructions d'immeubles à tout va, scooters et bus électriques, ça respire le dynamisme et l'argent. A l'heure de la crise occidentale, on visualise mieux à quoi correspond le taux de croissance de la Chine.
Et quand ils font les choses, il les font en grand : les immeubles, de plus de 20 étages, se comptent par dizaines, les routes sont gigantesques, bien réalisées et fluides.
On comprend mieux l'urbanisme du XIIIème.

Petit quartier résidentiel...

Dans la ville même, la mairie a à priori décidé de reconstruire une "ancienne" ville en s'inspirant du passé, mais en rebatissant tout. Ça fait un peu Disney, tout beau tout neuf avec plein de couleurs, sans cachet mais c'est joli.

Tout beau tout neuf, de jour comme de nuit


On se balade une journée, puis visite d'un monastère suspendu. À la recherche de la gare routière d'où part le bus, on atterri dans une petite boutique d'imprimerie pour demander notre chemin.
On essaye de se faire comprendre, ils y mettent de la bonne volonté, on sort le traducteur Google : difficile. Après 5 minutes et quelques dessins, le patron nous explique comment y aller et nous appelle un taxi à un bon prix.
Il nous invite à patienter dans sa boutique, tout en faisant connaissance. Plus personne ne travaille, mais on rigole bien. Contrairement à de nombreux échos, les Chinois sont vraiment sympas, souriant et attentionnés. À Datong en tout cas, tous ceux qu'on a rencontrés le sont. On verra par la suite.

Le monastère est très beau et impressionnant, surtout quand on grimpe dedans, à 50 mètre au dessus du sol, soutenu seulement par quelques bouts de bois !



Le soir on va dans un resto chicos à côté de l'hôtel.
Pas très cher, on peut tester des plats un peu recherchés dans un super cadre qui contraste avec le boui-boui de la veille dans lequel on avait mangé des brochettes.
Hier comme aujourd'hui la bouffe est excellente. Ça s'annonce bien pour ce mois :)

Le voyage gastronomique commence

On part le lendemain pour Pingyao, un ancien village restauré, coup de cœur du Lonely Planet, d'où nous tenterons d'aller à Lijiashan, un autre petit village, mais troglodyte et non touristique ; de façon à voir deux faces de la Chine d'antan.
En allant à 7 heure du matin à la gare, on croise plein de gens en train de faire du sport. Footing, tai-chi, danse.
Dynamiques dès le matin ! Au soleil levant, la Chine comme on l'imagine.

jeudi 10 juillet 2014

Bilan Mongolie

Nombres de jours : 29
Nombres d'etapes : 3 + cheval + Gobi
Dépenses par jour par personne : 70390MNT, soit 28.2€
Nombre de pas par jour : 11100
Nombre de jours avec quelques heures de pluie : 5
Côté conduite : droite / côté volant : droite ou gauche (dépend de la voiture) !

Laurent :

De même que la Birmanie, la Mongolie était un de nos pays coup de cœur, un de nos point de passage obligé dans le "difficile" choix des pays qu'on veut visiter en 1 an.
Mais la Mongolie se mérite. Avec un climat glacial l'hiver (-17°C de moyenne en mars), il était quasi impossible de commencer par là, comme nous l'avions initialement prévu. Nous avons donc revu nos plans, dessiné un trajet aussi bizarre que géographiquement illogique, prenant l'avion plus que nous l'aurions souhaité, pour arriver ici au début du printemps. Et sans le savoir nous avons choisi la meilleure saison : après le froid mais en ayant quand même la chance d'avoir de la neige, avant les touristes mais en ayant le confort d'avoir les infrastructures ouvertes et disponibles.

Après quelques jours très agréables à Ulaanbaatar, sans problème pour le VISA chinois et avec la rencontre de Vincent et Thierry, on se lance dans une aventure qui nous faisait très envie : partager le quotidien des locaux. Et pas n'importe lesquels, les nomades !!!
Cette première expérience de vie ordinaire a, pour nous, été extraordinaire. Bien plus, par exemple, que faire du cheval dans la steppe, alors qu'on aurait pu imaginer le contraire.

Le contexte de la ger, la proximité et le manque d'intimité, la barrière de la langue, toutes ces choses qui nous font perdre nos repères nous placent dans une situation inconfortable mais agréable, recherchée, car en réalité c'est ça le dépaysement. Pas d'eau courante pas de douche, pas d'électricité pas d'Internet, quelques travaux manuels et beaucoup d'inoccupation.
On est à mille lieues de Paris, sur tous les points.
Et humainement on se crée facilement des attaches. C'est une banalité à dire, mais pas besoin du langage pour se comprendre quand on prend le temps.

Ensuite, après quelques jours d'incertitude, on a quand même pu voir ce magnifique désert qu'est le Gobi. Vaste, varié, aussi chaud que froid, même à quelques jours d'intervalles, on "en a eu pour notre argent" et ne regrettons pas notre choix, même si la formule qu'on a choisi, la seule qui nous était financièrement abordable, était très touristique.

Avec tout le temps passé à UB, en plus de très bien manger, on a eu le temps de réfléchir. Réflexion guidée par nos discussions avec Vincent et Thierry, 2 grands voyageurs.
Quand on part pour 1 an, qu'on le veuille ou non, on sort un peu du système. Même si en tapant "tour du monde" sur Google on se rend vite compte qu'en réalité on entre dans un autre système, plus petit. Cela reste quand même "banal", touristique.
On prend le bus, le train, l'avion. On court. On essaye d'en voir le plus possible, d'avoir les meilleurs plans, les meilleurs photos, les meilleures rencontres.
On se fatigue, on stresse.

Aussi, nous prenons conscience au fur et à mesure de notre envie d'autre chose, qu'on souhaite de plus en plus sortir de ce carcan. Cela ne veut pas dire qu'on ne veut plus voir de belles choses, qu'on méprise le et les touriste(s). On ne prend pas la grosse tête, on ne se prend pas pour ce qu'on n'est pas.
Mais on va essayer de plus prendre notre temps, de sortir un peu des sentiers battus, de voir ce qu'on ne pourra pas voir dans nos futures quelques semaines de vacances éparpillées sur de nombreuses années.
Cela commence en decidant de ne pas aller à Pékin. On visitera la Chine par le centre, sans prendre l'avion, en privilégiant la ruralité aux grandes villes.

Finalement, la Mongolie est un peu une étape charnière de notre voyage.
En elle-même,  c'est un pays magnifique, très grand et très sauvage, assez moderne mais conservant des modes de vie authentiques. C'est reposant.
On y a moins fait la course qu'ailleurs et on va essayer de poursuivre sur ce rythme, plus marathon que sprint, plus adapté à nous et à ces 1 an.

Leila :

Nous n'avions encore jamais ressenti ce petit pincement de tristesse en quittant un pays.

La Mongolie était un des pays dont nous avions le plus rêvé, nous amenant à un véritable casse tête pour composer notre trajet en tenant compte de la saison hivernale que l'on préférait éviter.

Ça en valait la peine puisque nous avons été enchantés par la diversité et l'immensité des paysages vierges parcourus, en ayant un rapide aperçu d'une steppe enneigée puis printanière.

Nous avons aussi apprécié les rencontres (que ce soit dans la steppe, désert de gobi ou à notre auberge préférée "la petite marmotte") et le fait de côtoyer de près le mode de vie d'une famille nomade très attachante, vivant quasi indépendamment de la société qui nous entoure, organisée au rythme de la nature et des troupeaux. Apprécié le temps qui s'arrête. 

On a envie de tout filmer pour se rappeler mais il y a des moments immortalisés via les souvenirs. Et c'est mieux ainsi.

C'est peut être mieux aussi pour éviter de trop me revoir en look bibendum avec mon manteau matelassé pour enfant rouge et bleu :) Et bien oui ! parce que pendant ce voyage on se développe une nouvelle patience, largement compensée par le contexte, et on fini par attendre chaque plat et tous ses bouts de gras généreusement découpés puis bouillis (jamais grillés !!!! :( ) pour nous faire honneur (ça ne se refuse pas)...

"La Mongolie est une destination qui se mérite. Relativement fatigante à cause de nombreux paramètres inhabituels. Elle n'en garantit pas moins un voyage exceptionnel" - petit futé.

Confimé, le côté exceptionnel prime sans conteste sur le reste.

Mémorable et riche. Voici en ce qui me concerne le bilan de ce mois inoubliable.

(Ce mois nous a aussi permis de repenser notre façon de voyager - nous nous étions déjà interrogés après la Birmanie : nous avons pris notre temps en Mongolie sans jamais prévoir le lendemain et sans avoir une idée de notre trajet pour les semaines suivantes (c'est l'un des intérêts de ce long voyage - plus difficile lorsqu'on est en vacances). Nous avons beaucoup apprécié de pouvoir passer du temps avec les locaux. Nous sommes facilement attirés et emportés par les circuits proposés par les guides. Ces circuits permettent certes de visiter des lieux intéressants mais nous tenterons dorénavant d'en sortir plus pour découvrir d'autres facettes de chaque pays, bien que ce soit plus compliqué à organiser, À suivre.... ) 

Gobi et UB (prononcer youbi), paysages et personnages (11 jours, dont 50 heures de van)

Parfois, quelques photos valent mieux qu'un long discours. Cet article sera donc plus court que les précédents, et nous laisserons parler les images.

Arrivés à UB (Ulaanbaatar) on file à La Petite Marmotte, où nous retrouvons avec joie Vincent le proprio et son ami Thierry.

Après l'épisode "viande rouge à gogo" d'avant la steppe, Leila leur avait promis un tagine à notre retour. A notre grande surprise, les citrons ayant confits en notre absence dans l'attente de la cuisinière, il ne nous reste plus qu'à aller chercher du poulet et quelques assaisonnements pour nous faire notre deuxième gueuleton de Mongolie, toujours à 4, La Petite Marmotte attendant le lancement de la saison pour commencer à vraiment se remplir.
On a l'impression d'avoir le Maroc dans nos assiettes alors même que nous sommes à l'autre bout du monde (merci maman Fatima pour cette recette simple et délicieuse !!!).
Impression confirmée quand 10 jours plus tard, après le Gobi, Vincent nous préparera cette fois-ci un bon gros méchoui :)


Le Maroc dans nos assiettes :)

A UB on fait le plein, aussi bien en cuisinant qu'au restaurant, toujours avec Thierry et Vincent. Très internationale culinairement, la ville nous permet de nous nourrir de buuz le midi (raviolis mongols farcis au mouton), et de varier le soir : indien, irlandais, etc.
On essaye de reprendre un peu tous les kilos perdus les premiers mois (jusqu'à 5 pour Laurent !, quelques grammes pour Leila).

En plus de manger, on prend notre temps. On se repose, on traine sur Internet, on se renseigne sur la suite du voyage et le transmongolien, ET on cherche des partenaires pour nous accompagner au désert de Gobi. Il faut 6 à 9 jours et 1600km de 4x4 pour y aller et voir quelques-uns des principaux sites, et nous devons partager les frais si nous souhaitons y aller.
Après quelques jours et le tour des guesthouses de la ville, on a la chance de tomber sur un couple d'Australiens et une Singapourienne motivés pour partir 6 jours. Ça fera donc beaucoup de route chaque jour, mais au moins on y va !


Accompagnés d'un chauffeur, d'un guide/cuisinier et de sa fiancée en formation, on embarque tous les 8 à bord du van russe qui nous conduira cette semaine.
Spacieux, robuste, confortable, une voiture incroyable pour des conditions de routes, ou plutôt de piste, très difficiles.
Malgré ça, le chauffeur aura besoin de faire 4 arrêts pour réparer la roue arrière gauche en train de se désaxer méchamment !

Tu me passes la clé de 12

Sinon, pour résumer, le Gobi est MAGNIFIQUE. Un des plus beaux endroits qu'on ai vu, avec une énorme variété de paysages dans un périmètre pas si grand.
On passe du canyon rouge et sa forêt de petits arbres blancs, à d'immenses dunes de sable (200m de haut), puis de la vallée de glace à des falaises blanches dignes des paysages de l'ouest américain !
Incroyables, sublimes. Beaucoup de superlatifs, entrecoupés de longues heures de routes, des fois monotones, des fois très belles, qui font aussi parties de ce périple.







Côté bouffe, sorti d'UB on redescend de notre nuage, malgré la présence d'un "cuisinier". Pâtes aux pickles, raviolis sous plastiques, etc. On touche le fond quand une famille nous sert une infâme bouillie de riz qu'on n'aurait même pas imaginée chez Ghambatar. Cela confirme qu'on a été culinairement pas trop mal traité.


On revient pour notre 3ème et dernière fois à UB, des étoiles pleins les yeux, prêts à découvrir notre prochaine destination, la Chine. D'autant que sur les conseils de Vincent et Thierry, on évitera Pékin pour se concentrer sur la Chine du centre et les 2 provinces rurales, Sichuan et Yunnan.

Ça commence, après avoir dit au revoir à nos amis, par 24h de voyage jusqu'à Datong, en train+bus+bus, le transmongolien étant complet.

Kharkhorin, à cheval dans la steppe (2 jours)

Et c'est parti pour notre grand défi de Mongolie : 4 jours à cheval dans la steppe, pour rejoindre Kharkhorin.

Même si on a lu quelques récits de voyageurs témoignant de la facilité à monter à cheval en Mongolie, même pour une première fois, nous qui ne sommes pas très casses-cou, on appréhende un peu. Voir beaucoup.
On craint aussi la blessure qui pourrait nous gâcher la suite du voyage.
M'enfin. On se lance quand même, rassurés par notre rencontre de 2 français qui, eux, venaient de Kharkhorin à cheval pour un circuit de 6 jours.

Apres des adieux plein d'émotion à la famille, on monte sur les chevaux.
A l'arrêt, tout va bien. Ils sont suffisamment petits pour qu'on ne panique pas.
En mouvement, Leila est beaucoup moins rassurée. Le sien fait des caprices ; il est plus nerveux que les autres. Un échange de cheval avec notre guide, Mandah, et ça va mieux.
On est fin prêt pour cette première journée.

On débute par de la steppe, découvrant, grâce aux longues pattes des canassons, ce que nous n'avions pu voir à pieds. 
Au pas d'abord, mais très vite alterné avec de petits moments de trot. Ici on fait tout en accéléré.
On fera même du galop dès la fin de ce premier jour.

Mandah, notre guide

Mais avant ça, on profite de la balade.
En entrant dans un parc régional, on fait notre première pause, au pied d'une petite montagne.
On descend de cheval et on se rend compte que les fesses, qu'on pensait douloureuses, ne le sont finalement pas autant que les genoux et le dos !
On dégourdi donc le tout et on répart.


On traverse un joli ruisseau, on longe de petites plaques de neige faisant de la résistance à cette altitude, et on commence l'ascension.
La piste se transforme en chemin, puis en sentier.
On est parfois obligé de se baisser pour éviter les branches, d'autres fois de les écarter de la main, au risque que le suivant se reçoive ce ressort végétal, dans l'incapacité à maitriser sa monture pour l'éviter.
En effet, on ne contrôle pas trop nos chevaux.
On a beau tirer les rênes d'un côtés, mettre un coup de talon de l'autre, les chevaux obéissent quand ils en ont envie, sentant bien que nous ne sommes pas en mesure de les diriger. Ils préfèrent bien souvent suivre le cheval du guide, ou s'arrêter brusquement pour brouter une ou deux touffes d'herbes, au risque de nous désarçonner !

Un peu frustrant et usant, mais on s'y fait vite et on se laisse guider/faire, profitant du paysage, magnifique avec les arbres autour, la neige au sol et le monastère qu'on atteint pour le lunch, perché au sommet de cette montagnette.

Monastère de Toufoun

Nous voici donc à Toufoun. Seuls avec notre guide alors qu'en saison le site est envahi par les touristes.
On entre, fait tourner quelques moulins à prière, et grimpe un rocher pour accéder au premier point de vue. De là, on se rend compte qu'en quelques heures on est monté suffisamment haut pour avoir un panorama grandiose sur toute la région !
Le plus beau reste à voir, avec une vue à 360° tout en haut.
Leila s'arrête là, ne voulant pas s'aventurer dans le mur vertical qui y conduit. Laurent suit Mandah qui, au passage, lui montre les grottes de recueillement bouddhique où on entre et tourne dans un sens pour s'attirer le bonheur, et arrive enfin au top.
Beau mais vertigineux. On rejoint vite Leila qui attend en bas pour le pic-nic.

Grottes bouddhistes

L'après-midi sera dans la même lignée, avec la resdescente et un peu de steppe pour rejoindre la ger dans laquelle nous allons passer la nuit.
C'est donc la deuxième famille nomade que nous rencontrons, et elle ne ressemble en rien à celle de Ghambatar. Ici, la jeunesse est de mise. Le couple qui nous accueille a à peine 20 ans, et un de leur ami de la ville est en train de chanter au téléphone pour séduire sa petite amie...

Ça change de Ghambatar, le chef de famille est au milieu

On a beau ne pas vouloir juger trop vite, on s'y sent moins bien que les jours d'avant. L'impression sera plus que confirmée quand un gros poivrot arrive en pick-up et invite notre guide à aller boire avec lui.
On avait entendu dire que les mongols ont un problème avec l'alcool, mais là on y est confronté pour de vrai. Déjà la veille, chez Ghambatar, on avait vu rappliquer le sois-disant chef du village (petit mafieux local), bourré, qui avait essayé de nous embêter gentillement.
Cette fois-ci, c'est donc Mandah et son ivrogne de copain qui reviennent à 23h complètement faits (on était jusqu'à là habitué à dormir vers 21h), ce dernier respirant la violence en plus des vapeurs d'alcool. Si bien que le p'tit jeune qui nous héberge demande vite à sa femme de cacher les couteaux !
Pas très rassurés, ne parlant pas la langue, on laisse le pochetron gueuler, puis repartir vers minuit, zigzaguant au milieu de la steppe dans son pick-up, et on s'endort un peu inquiet, tandis que Mandah va continuer de picoler avec un troisième larron qui tient encore debout.

La surprise du matin est de se faire réveiller à 8h par... le bourré de la veille !!!
Comment peut-il être frais à cette heure-ci, mystère pour nous, habitude pour lui !? Toujours est-il qu'il tire notre guide du lit,et qu'ils repartent tous les 2, cette fois à moto, sois disant pour aller chercher les chevaux.
Pas dupes, on les voit revenir vers 11h, sentant encore plus la vodka que la veille, sans chevaux, "perdus".

Pas très contents mais n'aillant pas beaucoup d'autres choix, on laisse Mandah décuver en dormant jusqu'à 13h30 et on part, moyennement confiants quand à sa capacité à être au taquet cette journée...
Et effectivement, les étriers de Leila n'étant pas bien réglés, ça commence difficilement pour elle. Après 2 heures, on identifie nous-même le problème, on demande à Mandah de le régler, et on en profite enfin.


On arrive à 19h dans une super famille, bien située en bord de forêt, et on en profite pour prendre du repos.
Ces 2 jours de cheval nous ont beaucoup plus, mais on se dit qu'on serait content d'arrêter le lendemain.
Ça tombe bien, ce même lendemain, après une nuit très très froide : le toit de la yourte était complètement ouvert pendant cette nuit, nous nous recevions des gouttes de pluie glacée sur les pieds, mal installés sur le sol non isolé pendant que notre guide était gentillement installé sur le lit, chaudement couvert et loin de l'ouverture du toit, celui-ci sûrement encore fatigué de ses "prouesses" de la veille et n'ayant pas envie de s'embêter avec nous, nous propose un "rapatriement" en 4x4.
On hésite 5 minutes, puis on accepte, content d'aller a Kharkhorin prendre notre 1ère douche depuis 10 jours (!!!) et visiter un monastère célèbre dans le pays entier.

Monastère d'Erdene Zuu

Au final, cette expérience nous a fait passer par des hauts, puis des bas, puis des hauts, puis ....Bref, on l'a vécu avec passion, n'étant pas forcément aussi patients qu'il le faudrait, mais en l'appréciant fortement.
Peut-être aurions-nous du persévérer et aller jusqu'au bout des 4 jours, mais la tentation de rentrer était la plus forte, et nous avons finalement eu le temps de prendre bien du plaisir en 2 jours.

Retour à Ulaanbaatar où nous essayerons de trouver du monde pour nous accompagner dans le désert de Gobi, afin de réduire les coûts.