lundi 15 décembre 2014

Route des Jardins à Cap Town, riche et touristique (6j - 14/10/2014 au 19/10/2014)

Après quelques jours au calme, on appréhendait un peu ce retour en zone très touristique, mais Wilderness est resté un village mignon, petite station balnéaire avec ses belles maisons en front de mer, ses quelques restos et son auberge de jeunesse très sympa dans une ancienne ferme un peu à l'écart.


Notre charmante auberge de jeunesse

On y fait une promenade sur la plage où on découvre des êtres vivants bleus (animal ou végétal ?), échoués sur le sable, en train de se faire dévorer par des coquillages endémiques (on a ensuite appris que c'était des sortes de méduses qui piquent très fort). Ça nous occupe une partie de l'après-midi (oui oui, on est en tour du monde et on n'a pas grand chose à faire :p), qu'on fini ensuite dans un café huppé (dans lequel on déteint pas mal), face aux vagues et au coucher du soleil. 

Le truc bleu bizarre


Le soir, c'est plateau de Sea food bien frais qui annonce une période poisson après des premiers jours plutôt viande. 

La pluie du lendemain nous empêche de profiter des environs. On reprend donc la Route des Jardins vers Arniston, un "village joyau" d'après le Lonely. Problème : quand on y arrive, tout est bien trop cher ou complet. On imaginait un village de bord de mer plein de cachet, on se retrouve dans une concentration de belles, grandes et chics maisons qui ne nous plait pas trop.

Arniston, jolie plage, mais ambiance trop bourgeoise

On décide de pousser un peu jusqu'à Cap Agulhas, le point le plus au sud de l'Afrique (et non ce n'est pas le Cap de Bonne Espérance), sur lequel le Lonely n'est pas très flatteur et avec lequel on accroche pourtant ! Un super backpacker, de l'espace et une mer agitée ; on se promène sur les rochers et on apprécie le changement d'Océan, le passage de l'Indien à l'Atlantique. 

On change d'Océan à Cap Agulhas !

On continue sur notre lancée avec un fish&chips mémorable. 

Cerise sur le gâteau, on rencontre à l'auberge les premières personnes avec qui on prend le temps de discuter, un couple de français avec qui on passe la soirée devant une bière maison. Non non nous ne sommes pas chauvins, mais on a un peu de mal à tenir une discussion avec les sud-af qui parlent anglais très vite et avec un fort accent.

On échange nos impressions sur le pays. 
Ils ont passé du temps avec des blancs qui se plaignent de la discrimination positive qu'il y a maintenant envers les noirs. On en rencontrera nous aussi, un peu plus tard, qui nous diront la même chose. 
On a beau être contre toute sorte de discrimination, il nous est difficile de les plaindre tant ici elle parait être la seule manière de pouvoir rééquilibrer les choses, même si cela implique que cette génération paye pour celle de leurs parents (tout en restant avec un niveau de vie bien supérieur à la moyenne du pays).

On roule direction Cap Town avec un stop à Hermanus, un des meilleurs endroits au monde pour observer les baleines. Du vent, du froid et un demi-dos de cétacé plus tard, on décide de repartir. On a vu beaucoup plus sympa à la Côte Sauvage.

L'arrivée au Cap se fait à travers des km de township. C'est très impressionnant !

On rejoint notre auberge de jeunesse pas très loin de la mer, et on en profite pour aller voir le Waterfront en fin d'après-midi, une marina aménagée en centre commercial façon Marne-la-Vallée. 
On commence avec succès notre tournée des resto conseillés par le Lonely Planet, avec un super japonais dédié aux poissons. 

Waterfront, la marina du Cap

Le lendemain, on débute une grosse journée de visite par un petit dej dans un café dont l'ambiance rappelle un peu Le Marais. 
On se promène ensuite dans Bo Kap, un quartier aux maisons colorées sur les hauteurs, puis on va à la South African National Art Gallery en passant par le centre ville, un marché touristique et des jardins. La galerie est riche et variée, et même nous qui ne sommes pas fans de musée on apprécie. 

Bo Kap

Le marché touristique central

Le midi, on file manger à The Kitchen, une petite sandwicherie où Michelle Obama s'est assise lors de sa venue dans le pays (!), puis on découvre un quartier en réhabilitation qui doit servir de vitrine au Cap qui est capitale mondiale du design 2014. 

The Kitchen

Le quartier The Fringue et son street art

On visite un petit musée sur une partie de l'apartheid, les expulsions des noirs des centres villes, puis on va se reposer dans un immense jardin botanique à l'ombre de la Table Moutain, le symbole de la ville. 

...

Un immense jardin botadesque

On fini dans un bon resto français qui nous confirme que le Lonely ne s'est pas trompé côté restauration. 
On ré-attaque dès le matin par un salon de thé où les gens prennent le breakfast au champagne... On se contente de saumon fumé et d'avocat sur pain à la noix de coco :)

On grimpe en téléphérique sur la Table Moutain, cette immense montagne plate de 1000m de hauteur qui trône au centre de l'agglomération, et qui offre une vue imprenable sur la ville, la mer, l'île où Mandela a été emprisonné plus de 20 ans, etc.
Le lieu se revendique comme étant une des merveille de la nature, et c'est effectivement une des choses les plus belles et impressionnantes qu'on ai vu.

La Table Moutain et son téléphérique hyper moderne

Le panorama vu d'en haut


On redescend pour se lancer sur Chapman's Peak Road, une petite route qui longe la péninsule sud du Cap et offre de magnifiques point de vue, et qui nous amène à la colonie de manchots de Boulders. 2500 pingouins ont élus domicile sur une jolie plage entourée de rochers, pas loin des maisons ! Le premier qu'on voit, on le prend pour une statue tellement on n'y croyait pas. Ensuite, on en voit de plus en plus et on commence à entendre leur cri qui fait plus penser à un âne qu'à un petit oiseau. 

Vues depuis la Chapman's Peak RoadRoad


Les pingouins de Boulders


On termine en beauté par "les meilleurs hamburgers" (et sans doute les plus gros) de Cap Town, chez Dog's and Bollock, un resto bluezzi installé dans un hangar au milieu d'un quartier mort. 
La gastronomie était un de nos objectif de visite à Captown, et on peut dire qu'on a été très bien conseillé, avec un sans faute pour ces 6 salons de thé/restos/cafés en 3 jours. 
Merci le Lonely pour tous ces bons plans. 

Au final, Le Cap est la première (et seule ?) grosse ville sud-africaine que l'on visite, et nous avons adoré. Certes avec peu de monuments historiques, mais avec des quartiers très différents les uns des autres, une ambiance jeune et dynamique, de la mixité noirs/blancs, un bord de mer et des plages paradisiaques, les vignobles pas loin, parfaitement anglophone ; tout ça fait qu'on s'y verrait presque y habiter :)
Même si un vendeur sénégalais nous a dit "Ici, c'est pas l'Afrique" et que des fois on se croit effectivement en Californie.

On remonte en voiture avec un objectif : être dans 3 jours à Windhoek, la capitale de la Namibie, où les parents de Laurent nous rejoignent. 
Routes en travaux. Amende pour excès de vitesse. Couchers de soleil aveuglants. Lignes droites monotones. Mirages tous les 1/4 d'heure. Frontière. 
Windhoek : 5000km

3 jours de lignes droites

Côte sauvage et petits villages, en dehors des sentiers battus (8j - 07/10/2014 au 14/10/2014)

Après une grosse journée de route, on fini par 1h de piste qui chemine à travers un paysage bien plus varié que les premiers jours. Plus vert et vallonné, parsemé de petites maisons rondes de couleurs vives, les rondavels. On est en pays Xhosa, l'ethnie locale, pas loin de là où Mandela est né et s'est marié. 

Enfin, on a l'impression de voir des vrais habitants de ce pays. Les sud-africains noirs représentent plus de 90% de la population. Et même s'ils ne nous rendent pas nos sourires ou nos saluts, ça nous fait plaisir d'être là. 

Les paysages changent en pays Xhosa


L'hôtel, fait de petits bungalows ronds traditionnels, esseulé dans un cadre magnifique, surplombe l'océan et une plage de rêve. 

L'hôtel de la côte sauvage

et sa plage de rêve

Une petite partie de côte sauvage, comme arrivés au bout du monde, qui rappelle un peu la Bretagne avec ses nuages et son air marin. 

On y entend la mer en permanence, même dans le lit, et on se laisse bercer et vivre au rythme du soleil. On mange bien, local et sain, tout en regardant les baleines sauter au loin !

En prenant le p'tit dej, on regarde sauter les baleines

Pour la première fois, l'environnement est "100% safe" de par les liens de l'hôtel avec la communauté, et nous permet d'un peu côtoyer des locaux. 

Tout ça nous décide pour y rester un jour de plus, malgré la longue route qui nous attend : nous avons rendez-vous avec les parents de Laurent 2 semaines plus tard à Windhoek en Namibie. 

On met ce temps à profit pour approfondir l'histoire de l'Afrique du Sud, et notamment l'apartheid. On en a bien sur entendu parlé, mais on en découvre les détails. On est choqué d'imaginer que cela avait encore lieu au début des années 90, et désolé de voir ce que cela entraine aujourd'hui : un clivage noirs/blancs qu'on n'avait encore jamais vu et des gens plutôt froids envers nous. On comprend mieux que les premiers jours.

Même dans cet hôtel où la cohabitation semble saine, les chiens paraissent racistes et n'aboient jamais sur des blancs... On pourrait avoir honte de penser ca, même en rigolant, mais c'est vraiment ce qu'on a observé.

On reprend la route, un peu triste de quitter un endroit où on se sent si bien, direction Hogsback, le village où J.R.R. Tolkien (l'auteur du Seigneur des Anneaux) venait passer ses vacances quand il était enfant. 

En chemin, on croise plusieurs immenses nouvelles résidences de préfabriqués, dont on ne comprend pas l'intérêt au début, puis on se dit qu'elles sont sûrement destinées à remplacer les townships, les bidonvilles réservés aux sud-africains noirs.

Résidences de remplacement des townships

En arrivant le soir, on est une fois de plus frappé en voyant les ouvriers noirs rentrer dans leurs maisons à l'écart de ce chic et mignon village "réservé" aux blancs. 

L'environnement est très vert et boisé, et fait effectivement un peu penser à La Comté de Bilbon et Frodon. Après un petit déjeuner avec vue sur la vallée en face de l'hôtel, on explore les environs par une petite balade et une excursion aux Madonna & Child falls, les plus hautes chutes d'eau de la région. 

Hôtel avec vue, et bain possible :)

Une balade dans La Comté

Pour y aller, il faut descendre une pente et des escaliers très raides dans lesquels on est étonné de rencontrer autant de personnes handicapées physiquement. En arrivant au pied des chutes, on comprend le coté mystique des lieux en voyant ces gens prier vers la cascade, les pieds dans l'eau. 

Prière à la Madone et son enfant

Le lendemain, après un petit déjeuner so chic so british dans un des nombreux hôtels qui permettent d'organiser son mariage dans un cadre vert et nature, on repart direction le Karoo, un désert de cailloux et de montagnes. 

On loge au très joli hôtel Water Tower dans une chambre et un lit ronds (!), dans le village bohème de Nieu Bethesda, très Far-West avec ses rues non goudronnées, réputé pour son ciel étoilé.

Une chambre et un lit ronds


Un village très Far-West

 La nuit tombée, on en prend effectivement plein les yeux après avoir enfin réussi à manger des spécialités locales (et pas un énième repas de pub). 

Des étoiles plein les yeux


Une nouvelle bonne nuit de sommeil (on n'a jamais aussi bien dormi qu'en Afrique du Sud), une visite à la Maison du Hiboux anciennement habitée par une artiste un peu fofolle qui a décidé de remplir son intérieur de bouts de verre et son jardin de statues de ciment, une halte dans une ferme pour apprécier la charcut, les fromages et la bière produits sur place, et on se dirige vers Graaff-Reinet, la petite ville voisine. 

La Maison du Hiboux, et ses sculptures d'inspiration religieuse


On y trouve une ambiance très coloniale, avec des blancs qui font leur jogging au milieu de jolies maisons et de jardins fleuris, des écriteaux "Armed response" placardées sur tous les lieux privés, y compris sur les églises... Ça n'est pas la première fois qu'on voit ça, mais c'est ici très prononcé.

On galère un peu à trouver une chambre libre et abordable, puis on va admirer le coucher du soleil sur la Vallée de la Désolation du parc national d'à côté. 

Graaff-Reinet, une petite ville coloniale

La Vallée de la Désolation du parc d'à côté

Ça nous permet d'avoir un beau panorama sur la ville, et d'y distinguer très nettement 3 quartiers différents :
 - le tout mignon tout beau dans lequel on loge, avec de la verdure et de nombreuses piscines,
 - le quartier de transition, sans arbre ni verdure mais avec des bâtiments en dur,
 - le township au fond, bidonville hérité de l'apartheid. 
Une fois encore, le constater de nos propres yeux nous fait un autre effet que de le lire dans le guide. 

La ville vue d'en haut, avec ses 3 quartier bien distincts

Durant ces quelques jours on a pu bien se reposer. Des routes impressionnament droites sur des dizaines de km, au milieu de paysages magnifiques, du sommeil et de bons restos, on est plus proches des vacances que du voyage. Ça change beaucoup de l'Asie. 

Et contrairement à ce qu'on pouvait craindre, on ne se sent jamais en insécurité, même si on ne fait pas de folie et qu'on ne sort jamais à pieds la nuit.

Notre chemin vers Cap Town se poursuit par une route touristique, la Garden Road, qu'on rejoint en son milieu à Wilderness, car le col vers Knysna (là où l'équipe de France à fait grève pendant la coupe du monde) était fermé. 

Johannesburg - Côte Sud, notre découverte de l'Afrique du Sud (4j - 04/10/2014 au 07/10/2014)

Dès notre arrivée en Afrique du Sud, on ressent le grand écart africain. On a quitté Antananarivo et son aéroport "boui-boui" avec des coupures de courant toutes les 5 minutes, et on se retrouve dans un des plus modernes qu'on ai vu !
On récupère la voiture de location pour rejoindre notre hôtel juste à côté, n'ayant pas voulu nous aventurer de nuit dans Johannesburg.
La voiture est petite, mignonne et fonctionnelle avec sa prise AUX qui nous permet d'écouter notre lecteur MP3. Ça promet de longues heures de route, la fenêtre ouverte, bercés par Queen, David Bowie ou Jean-Jacques Goldman.
Que le road-trip commence !

Pour la première journée, on a décidé d'avaler les km afin d'atteindre la côte sud, proche de Durban, que nous longerons plus ou moins jusqu'à Cap Town. Les paysages se suivent et se ressemblent, plats, remplis d'immenses champs et prairies, avec quelques fois une autruche qui s'y promène. Les voitures sont modernes (finies les 2CV et les 4L de Madagascar), il n'y a plus de trous dans les routes, mais des péages à l'entrée des autoroutes : bienvenue dans la modernité. Centrales nucléaires, lignes hautes tensions, on dirait que l'AfSud est à l'Afrique ce que la Chine est à l'Asie : la locomotive du développement.
Le défi du jour : éviter les quelques vaches et moutons qui se sont mis en tête de traverser l'autoroute sans prévenir !
Autre différence majeure : pas un policier sur les routes, pas de barrage à la recherche "d'arrangements" (cf. Articles de Mada). On est tranquille !

Un incendie, rare "distraction" dans ce paysage monotone

On arrive dans une petite ville mignonnette où il y a un spot mondial de plongée. Pas fans de ce sport, on voit bien qu'il sera difficile, cher et long de pouvoir refaire un baptême (après celui qu'on avait fait à Bali), et on décide de ne pas insister.
On trouve une chambre dans la guesthouse du bled. C'est la seule disponible et elle est chère pour nous, mais vraiment belle ! On n'est pas habitué à ça.

Ça annonce la "couleur" de cette partie d'Afrique du Sud qui rappelle un peu la Californie, aussi bien sur la nourriture (pubs, hamburgers), les plages, les maisons ou l'ambiance très blanche aisée.
C'est ce qui nous frappe vraiment dans ce premier contact avec l'AfSud. Où sont les sud-africains noirs ? À part dans les stations services, on en voit très peu et on n'a affaire qu'à de riches blancs, jeunes ou moins jeunes, très anglo-saxons avec un accent qu'on a du mal à comprendre.

Plage à surf

Pareil à notre étape suivante, dans un village voisin, mais cette fois-ci dans un backpacker (auberge de jeunesse) aménagé dans une mini jungle.
Lorsqu'on demande si on peut se balader, si c'est safe, la réponse est toujours la même : "It's South Africa".
C'est pas là où on va aller à la rencontre des locaux...

On quitte la côte sud direction la côte sauvage, beaucoup moins accessible, où nous avons réservé dans un backpacker paumé, à l'écart de tout village.
Le midi, on achète des sandwichs dans les stations service ou les Spar, la chaine de supermarchés locaux.

Les routes sont presque parfaites et on comprend pourquoi vu le nombre de chantiers qu'on croise.
Exécutés uniquement par des noirs, on visualise de mieux en mieux cette ségrégation sociale dont parle le Lonely Planet, qui a remplacé la ségrégation raciale qui avait lieu durant l'apartheid. 

C'est uniquement quand, ayant raté l'entrée de l'autoroute et fait une déviation par des petites routes/pistes, qu'on aperçoit des villages où vivent les sud-africains noirs. Bien à l'écart des grandes routes. 

Les paysages manquent de charmes.
On est content d'arriver sur la Wild Coast qui marque une deuxième étape pour nous dans ce pays, plus conforme à ce qu'on recherche dans ce voyage.

vendredi 12 décembre 2014

Bilan Madagascar

Nombres de jours : 42
Nombres d'etapes : 11
Dépenses par jour par personne : 65100MGA, soit 20€
Nombre de pas par jour : 11200
Nombre de jours avec quelques heures de pluie : 2
Côté conduite : droite / côté volant : gauche

Laurent :

Dès l'arrivée à Madagascar on a l'impression d'être dans un autre monde. Par rapport à la France bien sûr, mais même par rapport au Kenya. La route qui vient de l'aéroport est toute petite (pour nous) et traverse des quartiers où l'on voit beaucoup d'enfants et de pauvreté.
Ça donne le ton du mois et demi qu'on va passer ici.

Par rapport au Kenya, on retrouve ici une mentalité plus latine, moins distante de loin et moins "Hey man, how you doing, my name is John, and you ?" au premier contact.
On peut parler français dans la rue pour la première fois depuis des mois :)

L'insécurité est présente, mais pas comme au Kenya où chacun se barricade chez sois et où on a peur dès qu'on sort. Tana est très impressionnante de prime abord, surtout quand on se fait faire les poches direct, mais on fini par l'apprivoiser et s'y sentir quasiment à l'aise.

Les gens sont gentils et curieux. Un peu comme en Asie. D'ailleurs, ils sourient tout le temps.
Au niveau culture, c'est le pays où on se sera le plus immergé, où on aura le plus appris/compris de choses malgré la complexité (castes, prostitution, pacifisme) : on y a passé 1 mois 1/2, on a été au contact des locaux et des enfants avec l'association Manda, on a rencontré quelques expats, on a choisi un itinéraire en 4x4 en dehors des sentiers touristiques avec un guide francophone et cultivé qui nous a expliqué énormément de choses. On a vraiment eu l'impression de pouvoir cohabiter avec les malgaches avec qui la barrière de la couleur et de l'argent est moins sensible que dans beaucoup d'autres pays. En Inde par exemple, où les touristes restent dans un "circuit" établi. 

Madagascar est un des plus beau pays qu'on ai vu, et cela fait mal de voir dans quel état de pauvreté vit la population.
Pas de routes, pas de transports en commun, pas même de motos comme en Asie. Les gens marchent.
Pas d'État : on n'a quasiment pas vu d'ambulance ou de pompiers, et les flics sont omniprésents mais uniquement à la recherche de backshish. Les écoles sont a priori catastrophiques et dès qu'ils en ont les moyens, les gens mettent leurs enfants au privé, même les plus pauvres !
Les tribunaux sont engorgés et minés par la corruption, et les malgaches peuvent avoir recours à des jugements populaires pour trouver un peu de justice...
Dès qu'un président semble vouloir faire des choses pour le peuple il se fait mettre dehors.

Alors pourquoi est-ce que ça n'évolue pas ?
C'est une question qu'on est en droit de se poser, sachant que Madagascar n'a pas connu de guerre depuis longtemps, que les gens sont bosseurs et que le pays possède des richesses naturelles !
Le pays est-il bloqué de l'intérieur ou de l'extérieur ?
J'ai trouvé qu'un séjour ici m'a fait plus réfléchir aux relations entre le Nord et le Sud que les premiers mois de voyage.

Au final, Mada est une vraie découverte et bien le pays coup de cœur qu'on s'imaginait, au même titre que la Mongolie.

Leila :

Madagascar est un pays qui fait rêver mais auquel j'évitais de penser ne savant pas à quoi m'attendre pendant nos 3 semaines de bénévolat, ne rien anticiper pour ne pas stresser? et me laisser porter vers un projet qui nous tenait à cœur avant la préparation de notre voyage. On savait que le contexte serait moins facile que notre unique bénévolat en Inde (pas d'intimité, être avec les enfants 24/24, sont ils agressifs? Éduqués?...)

3 semaines finalement enrichissantes dans l'ensemble, des fois pénibles et éreintantes, d'autres intenses moralement et physiquement.

Enfants de rue. Ces mots résument assez bien le constat que nous avons pu en faire. Même si on ne réalisait en rien, avant de rentrer dans la cour de jeux de l'association.
On ne réalisait certainement pas la portée de ces mots. Enfant de rue. C'est lorsqu'on côtoie tous les jours ces petits bouts de chou, qu'on recroise, au travail, le soir même au marché avec une tête et une expression différente.... 

Le plus touchant est aussi cette équipe d'encadrants, formidables et admirables de dévouement. Un bel exemple de solidarité, qui nous donne envie de nous investir à leurs côtés, auprès de ces enfants. On n'est pas là pour faire semblant ou soulager notre conscience. On ne peut refuser un gros câlin à un enfant qui dort dans la rue même s'il a des puces et des poux.... On avale ce soussou de ***** religieusement.

Le retour à Antananarivo fut déroutant puisque nous nous sommes retrouvés, comme projetés, sans étape intermédiaire ou préparatoire dans un hôtel avec WC (!!!), douche et eau chaude (!) aucune puce (!) Ce qui représentait pour nous, à cet instant, grand luxe et confort. Avec en prime un restaurant qui sert des quantités énnoooormes de viandes sauce camembert (!!!), andouillettes, salades.... Un paradis après le traumatisme de nos repas précédents au soussou. C'était une extraction volontaire et nécessaire de notre rythme de voyageurs, pour nous remettre tranquillement d'un épuisement que nous avons rarement ressenti avant.

Tana ou Antananarivo n'a pas été que les 5 kgs pris à l'hôtel au retour du chantier, on se désarme toutes les fins de journée de toutes ces peines croisées et de ce chaos d'un autre temps. Comportement contradictoire d'ailleurs. Mais que voulez vous ?  On s'empifre le soir alors qu'on se révolte le jour.

C'est clairement la première fois que je suis autant déboussolée par la misère.
On savait Madagascar un des pays les plus pauvres mais on s'est pris une claque à l'arrivée (dés l'aéroport - aucune infrastructure). Rien à voir avec l'Inde où la misère nous y semble maintenant comme plus "organisée". Dans ces pays, comme si la misère générale ne suffisait pas, on y ajoute un système de hiérarchie qui écarte encore plus certains. Le système des castes en Inde, les descendants des esclaves à Madagascar. 
En Inde, les saris homogénéise la pauvreté. Au Maroc, on construit des murs tout le long des bidonvilles. On tasse toute cette misère. On la cache. Ici la misère est omniprésente et donc bien plus frappante. Partout. Même dans les quartiers riches ou touristiques. Les femmes font leur linge à même  la bouche des égouts en plein centre ville. 
Le soir venu et en pleine rue touristique, un décor un peu moyenâgeux et effrayant s'installe : des feux s'allument à chaque coin de rue, les gens se regroupent autour pour s'éclairer / se réchauffer ou créer plus de convivialité. Plusieurs quartiers se retrouvent dans la pénombre totale. Pas d'électricité du tout. L'hôtel de ville brille.

Le temps s'est comme arrêté. Des 4L, des 2CV et des chevaux circulent le long de ces collines. Des épiceries sommaires, des marchands de quelques légumes desséchés par le soleil. Pourquoi ne se révoltent-ils pas ?

Ici l'argent ne "roule pas mais monte" . je n'ai jamais vu autant de barrages de police, en ville à quelques mètres des hôtels et des resto/bars (astucieux pour cibler les touristes pigeons) et tous les 30kms sur La route nationale. Ces gars ont au moins le mérite de ne pas faire dans l'hypocrisie : l'argent est démandé sans raison et directement.

On n'a jamais été autant déboussolé et paumé depuis le début du voyage.  On s'est fait des frayeurs à marcher de nuit, on a tourné en rond ne savant pas comment s'y prendre pour trouver une connexion Internet un certain dimanche. On ne savait pas où manger... On s'est toujours débrouillé jusque là mais on n'a jamais autant piétiné qu'à Tana. Maintenant c'est dû à notre contexte personnel qui a fait que nous y avons passé du temps dans cette capitale. Généralement, un touriste y passe 1 ou 2 nuits max. Et pour cause. 

La pauvreté est aussi extrême à l'extérieur de Tana mais la diversité des paysages y est insoupçonnée.

Après les retrouvailles avec les potos, nous sommes partis  ensemble pour une super aventure, riche en secousses (sur une piste très cabossée) en compagnie de notre guide Andjy qui parle couramment français ce qui facilite les échanges sur la culture et la société malgache.

Le départ des potos nous plongent dans  un sentiment  bizarre, de les voir repartir vers chez nous mais sans nous... 

À Madagascar, j'ai eu conscience, pour la seconde fois après le Kenya mais pas autant, du développement et de la chance que nous avons au Maroc.

Madagascar c'est énormément de souvenirs et des images de fooôoliiiiiiie en tête ! Paysages (sable blanc, mer turquoise, baobabs, rizières, villages.....) mais surtout la richesse humaine (visages, sourires, rires, chaleur, silhouettes couronnées de beaux chapeaux, so elegant !...)

Mada on y retournera !

mercredi 10 décembre 2014

Les potos à Mada, road trip surla côte ouest (12j - 17/09/2014 au 04/10/2014)

Cette fois-ci, c'est avec les amis de Laurent qu'on va passer du temps. Alexis, Cédric et Nico débarquent à Madagascar pour 10 jours de découverte intensive, même si rien n'est encore à l'ordre du jour. 

Pour les accueillir on ne cherche pas l'originalité, on refait le même programme qu'Adeline nous avait concocté : déjeuner retrouvailles, balade en ville jusqu'à un bar local panoramique, puis retour en taxi jusqu'au resto du Sakamanga, un des hôtel les plus connus de la ville. 

Le soir, on sort dans un autre hôtel fameux, Le Glacier, où un groupe de musique fait danser les prostituées et leurs clients vieux et blancs. Ambiance... particulière.

Le lendemain,  c'est visite des agences de voyage, discussions à bâton rompu et longues hésitations sur le programme : tranquillou sur la côte Est et île Sainte-Marie, ou aventure sur la côte Ouest et baobabs. C'est finalement cette dernière option qui l'emporte, et on réserve un 4x4 avec chauffeur pour les 10 prochains jours. Timing serré !

On passe une dernière soirée avec Merle et Taylor, un couple de volontaires avec qui on avait sympathisé chez Manda. Nous recevons un SMS de leur part pour nous dire que juste après nous avoir quitté ils ont fini dans une des cellules du commissariat d'à côté, après une rencontre avec les mêmes flics qui nous avaient embêtés avant la colo ! Ils n'avaient ni passeports ni argent sur eux, et n'ont pu sortir que grâce à un touriste français qui était avec eux et qui a payé le backshish. Heureusement, il n'y ont pas passé plus de 10 minutes.

Départ à 5h30 pour "faire de la route". C'est une journée de 13h qui nous attend pour rallier Morondave, la ville des baobabs, et le début de la piste côtière qui longe la côte Vezo, un peuple de la mer. 

Le 4x4 est confortable avec les bagages sur le toit, et on découvre avec grand plaisir notre chauffeur et compagnon pour ce road trip, Andry. Très sympa, ouvert et cultivé, il parle français grâce à son père qui était postier, et nous fera rentrer dans la culture de son pays plus que n'importe quel autre guide depuis le début de notre voyage. 

Notre 4x4 pour 10 jours

On passe par Antsirabe et nous revoyons tous les endroits fréquentés durant la colo, avec en prime une visite de l'hôtel des Ternes, l'endroit où le roi du Maroc Mohammed V avait été exilé par les français. Émotion historique :)

Hôtel des Ternes où fut exilé Mohammed V le roi du Maroc

On achète du foie gras qu'on mange pour notre premier lunch sur la route. Et oui, Mada est réputé pour son foie gras et à juste titre !

La route est en bon état, et plus on va vers la mer plus les paysages deviennent "savaneux". On quitte les hauts plateaux et leurs maisons en briques pour trouver des constructions en pisé et en chaume qui nous rappellent les campagnes birmane et laotienne. 

Vers la côte, la brique est remplacée par la chaume

On croise peu de personnes, mais on tombe à un moment sur un village de chercheurs d'or, les pieds dans la rivière, occupés à effriter la pierre au gourdin puis tamiser la poussiere dans l'eau. 

Chercheurs d'or


Un de nos rares arrêts avec celui où on observe la fabrication des briques, activité omniprésente le long des "grandes" routes. 

Fabrication de briques

On fini par arriver de nuit à Morondave, épuisés par le trajet. On apprécie pour la première fois en 6 mois un plateau de fruits de mer et on rejoint nos bungalows pour une nuit réparatrice. 

Le lendemain c'est visite de la fameuse allée des baobabs, lieu le plus photographié de Madagascar. Et c'est vrai que c'est très photogénique !

L'Allée des baobabs


On s'attend à y trouver du monde, et on est surpris par le peu de touristes et de boutiques. Tant mieux.

On en profite à midi, puis au coucher du soleil après avoir été voir les lémuriens du Camp Amoureux qui doit son nom à 2 baobabs entrelacés. 

Lémuriens propithèques

Baobabs amoureux

Tout est magnifique. 

On fini par un dîner Chez Patricia (tous les restos ou hôtels sont chez quelqu'un ici) avec en bruit de fond le concert sur la plage d'une célébrité malgache. 

On commence la piste de 5 jours le lendemain, avec comme première étape Belo sur Mer qu'on doit atteindre vers midi. Enfin, ça c'est ce qu'on pensait avant que le 4x4 fasse des siennes...

On traverse notre premier gué, une large rivière peu profonde, et on découvre comment les locaux arrivent à rentabiliser la piste. Un "guide" est là pour nous montrer le bon chemin. Notre chauffeur nous explique qu'il a creusé des trous/pièges partout ailleurs dans l'eau pour forcer les voitures à verser leur aumône. C'est le début de cette "piste de l'argent", où les gens très pauvres font ce qu'ils peuvent pour gagner trois fois rien. 

Passage à gué et "guide" nous évitant les pièges

Une fois de l'autre côté la voiture s'ensable et on découvre que la fonction 4x4 ne marche plus... Andry s'essaye à quelques réparations infructueuses avant d'appeler son QG qui nous promet une nouvelle voiture dans la journée. 

Aurait-on perdu la fonction 4x4 ?!

On attend donc, entourés par les habitants du village voisins armés de hachettes et machettes, mais très sympathiques. On fait nos associables au début en restant jouer aux cartes dans la voiture pour profiter des potes, avant de nous décider à sortir échanger avec les locaux. A moitié rassurés, on fini par passer un bon moment avec eux, à danser, jouer aux cartes et même montrer quelques unes de nos photos. On n'avait bien sur rien à manger, et ils nous préparent gentiment des patates douces et du manioc qu'ils nous vendent à prix doux.

On est étonné de ne pas voir plus de vieux, et Andry nous explique que l'espérance de vie est ici très basse car les gens boivent de l'eau stagnante et attrapent rapidement une bactérie mortelle (d'après Le Routard, 30% de la population malgache vit moins de 40 ans !!!). 

On est aussi surpris de retrouver les femmes le visage protégé avec le même "tanaka" qu'en Birmanie, une racine moulue qui fait un masque naturel jaune. 

Les femmes mettent le même "tanaka" qu'en Birmanie

Les enfants, eux, sont un peu effrayés par la barbe de 6 mois de Laurent et s'amusent à se faire peur avec. 

Andry distribue quelques médicaments et nous traduit une drôle de demande des villageois : "est-ce qu'il a un médicament pour avoir un ventre aussi rond que le sien ?". Ici où même le riz est trop cher et remplacé bien souvent par le manioc ou la patate douce, être bien en chair est un signe de richesse et de santé. 

La voiture de rechange tarde à arriver et se pointe en fin d'après-midi avec un mécano à bord. Il inspecte, analyse, puis emprunte une hachette, une barre de fer et après les 10 coups de "marteau" les plus lucratifs de Madagascar, il annonce que c'est réparé et repart avec une grosse somme !

On est content de pouvoir repartir de l'avant après 7h d'immobilisation, même s'il est 17h et que nous ne devrions pas rouler de nuit. En plus, on garde notre chauffeur avec qui on accroche bien. 

On passe de nouveaux gués, d'eau stagnante cette fois-ci (et donc contaminée ?), avec de nouveaux "guides", sauf pour le dernier où il commence à se faire tard et personne ne nous attend. Andry s'aventure jusqu'aux mollets pour tâter le terrain, puis lance le 4x4 dans l'eau. Ça passe, mais il nous dira le soir même : "on a prit des risques tout à l'heure dans l'eau". Ah bon ?! 

Passage à gué d'eau stagnante contaminée

Ça n'est pas la seule fois du séjour où il ne nous dira qu'après que ça n'était pas si safe qu'il n'y paraissait :)

La nuit tombe et il nous reste l'épreuve de la traversé de la saline pour rejoindre Belo. Andry se perd un peu et on fini au GPS L&L pour arriver à suivre la piste et éviter l'embourbement. 

Première journée de piste forte en émotions, et pour nous récompenser le ciel nous offre une vue magnifique sur la voie lactée !

Milkyway au dessus de Belo sur Mer

Dernière sensation, le petit serpent qu'on trouve à l'entrée de notre bungalow avant d'aller se coucher... On en verra le lendemain, après un sommeil plutôt tranquille, de nombreuses traces dans le sable sous la chambre. Bon, on a aussi appris que les serpents sont ici innofensifs et que les enfants adorent jouer avec :)

Dernière surprise de la journée

Belo est un village de pêcheurs vraiment charmant, mis en valeur par la lumière du petit matin. Réputé pour ses constructions de boutres/goélettes hérités des marins bretons, on fera nous un petit tour de la lagune en pirogue et on se baigne dans la mer pour seulement la seconde fois depuis 6 mois. 

Village charmant

Construction de boutres/goélettes

Tour en pirogue

Coup de cœur, on n'a malheureusement pas le temps de s'attarder. La piste nous attend, jalonnée de baobabs, direction Manja où nous arriverons pour le troisième jour de suite de nuit, malgré les nombreuses mises en garde qu'on nous avait faites à Tana... 

En plus, Andry nous avouera quelques jours plus tard qu'on était en plein dans la "zone rouge" de Madagascar, là où il y a le plus d'attaques de pillards, entre 17h et 18h, soit le moment le plus dangereux... 
Heureusement, ni peur ni mal. 

Le lendemain, on se lève tôt pour une balade dans cette ville qui s'éveille, et on prend le petit déjeuner dans une gargotte qui attend les fidèles à la sortie de la messe, en face d'une église.

Il est 6h, Manja s'éveille

Le ventre plein, on reprend la route. On croise des villages de plus en plus isolés, coupés du reste du pays dès la saison des pluies, où certains enfants n'ont jamais vu un blanc de leur vie. On se pose alors la même question que dans beaucoup de pays : "faut-il leur faire plaisir et leur donner des bonbons, ou est-ce une mauvaise habitude/image qu'on donne du vazaha ?"

Dans ces endroits où la pauvreté est extrême et où les gens n'ont rien, Andry nous explique que les travailleurs journaliers ne négocient pas le salaire, qui est fixe, mais la quantité de riz qu'ils vont manger le midi !

2 étapes marquantes nous attendent aujourd'hui :
Un immense baobab de plus de 15m de circonférence, et des champs rouges de salicornes. 

Le plus gros baobabs qu'on a vu !

Des champs rouges de salicornes, une petite plante qui se mange

Le passage d'un bac, petit radeau qui accueille notre gros 4x4 plus une vingtaine de locaux, qui dès la sortie se mettent à pousser la voiture pour l'empêcher de s'enfoncer dans le sable. On est tous à l'intérieur, entourés de ces gens qui courent et qui crient, qu'Andry garde motivés grâce à quelques billets qu'il donne régulièrement. Impressionnant et peu rassurant, mais Andry rigole et nous explique que c'est tout le temps comme ça, et qu'il s'en est sorti pour pas cher car il a argumenté qu'on n'avait peu besoin d'eux car les vazaha (nous) peuvent pousser. Le seul problème c'est que là aussi il y a des pièges artificiels...

Passage du bac pour nous + une vingtaine de pousseurs locaux

On arrive à Morombe, ville un peu fantôme suite au passage de plusieurs cyclones et une route d'accès pas entretenue, qui rappelle les westerns de Sergio Léone. L'hôtel est à l'image de la ville, beau mais qui a vu passer son heure de gloire. 

C'est la première fois qu'un policier à la recherche de backshish trouve quelque chose à reprocher à Andry. Et pourtant, on a croisé des contrôles tous les 20 à 50km sur les routes... Cela se règle naturellement dans l'intimité de la cabane du fonctionnaire, un petit billet changeant de main. Fléau des malgaches, les policiers/gendarmes/militaires font partis du décor, mais nous choquent à chaque fois qu'on les voit !

On se baigne et on observe les pêcheurs qui rentrent de leur journée tout en prenant l'apéro au vin/fromage/saucisson ramenés par les potos. On peut enfin en profiter maintenant que les estomacs des copains sont un peu remis de leurs premiers jours à Mada... Andry découvre de nouvelles saveurs, et nous ça nous fait du bien :)

On avait fait le plein d'eau minérale avant la piste, et Andry rempli les bouteilles d'eau locale au fur et à mesure qu'on les vide, les donnant aux gens qu'on croise, soignant ainsi son relationnel et sa réputation dans le coin tout en aidant les locaux. Quelques fois des marcheurs, d'autres fois des "guerriers" armés de fusils ! Éleveurs qui se défendent ou voleurs de zébus ? On ne saura jamais. 

Pour atteindre Salary on doit traverser 20km de dunes de sable sur lesquelles on a plus l'impression de flotter que de rouler. Épreuve la plus difficile du parcours, qu'on ne fait normalement qu'en tout début de matinée, on y entre vers midi à l'heure la plus chaude, et on comprend vraiment le danger quand on dépasse un 4x4 tout neuf abandonné en pleine piste, sûrement victime d'un problème technique et de l'absence de dépanneuse dans ce "trou du cul" de Madagascar ! On apprend plus tard qu'il a été victime de l'essence achetée à Morombe qui n'était pas bonne ! On comprend mieux pourquoi Andry nous a fait remplir un gros bidon à Morondave, avant de nous lancer sur la piste. Bidon qu'on a d'ailleurs failli perdre en cours de route...

Heureusement, notre voiture vient d'être réparée et Andry est un pro. Ventilateur bricolé juste au dessus du moteur, petites pauses pour refroidir la machine, il ne peut retenir un petit Hourra quand on en sort enfin :)

On traverse ensuite des paysages de sable tellement clair qu'on croirait du noir et blanc sur fond de ciel bleu profond. 

Sable blanc, Salary est proche

Salary est à nous, logés chez Francesco un italien amical qui a besoin de parler, un peu trop obsédé par l'argent (il ne cesse de nous répéter que c'est pas faCHilÉ, voir même diffiCHilÉ, mais on négocie quand même les chambres :p), qui a bâti un hôtel/bungalows vraiment sympa qui permet d'apprécier ce coin de paradis.

Chez Francesco, un hôtel un peu cher mais vraiment sympa

Situé en face d'une plage magnifique et d'un immense lagon turquoise qui s'étend sur plusieurs dizaines de kilomètres, on croit rêver. On fait rapidement connaissance avec les pêcheurs et les enfants du village d'à côté et on voudrait ne plus sortir de cette eau chaude et irréelle. Le soir on a droit à un vrai festin de poisson frais, grillé, en ragoût, et même en délicieux carpaccio !

Salary, petit paradis

On rencontre les enfants et les pêcheurs du village d'à côté


La dernière est la plus petite journée de piste. Heureusement, car on est tassé dans la voiture. On amène avec nous Claire, la femme (malgache) de Francesco, qui doit aller dans sa famille assister à un retournement des mort. C'est une pratique courante et quasi obligatoire à Madagascar où les ancêtres sont sacrés, qui consiste à sortir certains membres morts de la famille pour leur rendre hommage le temps d'une journée. En général, il y a énormément de monde (famille, village, etc.) et une ambiance très joyeuse. Malheureusement, nous n'avons pas eu l'occasion d'en voir un. 

On termine la côte Vezo à Ifaty, une vraie station balnéaire qui reste quand même très sympa, surtout chez Cécile, l'hôtel qui nous accueille dans un immense bungalow en dur face à la mer. 

À Ifaty, c'est plus balnéaire

Le lendemain on dépose Cédric à l'aéroport de Tuléar, la grande ville du sud-ouest, et on continue à 4+Andry pour une remontée de la RN7, la route touristique du pays. 

RN7 traversant le magnifique parc national d'Isalo

On retrouve goût à l'asphalte après 5 jours de piste, et on file sur Ambalavao où un super spot d'escalade nous attend. Nico a amené son matos, et après une nuit dans un ecolodge perdu en face de l'immense falaise, on attaque dur par une marche d'approche sous le cagnard. 

Ambalavao, un spot d'escalade mondialement connu


Laurent se teste juste sur une voie très facile avant de redescendre à l'hôtel avec Leila prendre un coca avec les lémuriens, pendant qu'Alexis et Nico transpirent et profitent. 

Même Andry s'y met et découvre l'escalade !

Et profite de la vue d'en haut

Les lémuriens sont de la partie à l'hôtel


Sensations fortes et vallée paisible, ça valait le déplacement, jusqu'à ce petit village typique dans lequel on se balade rapidement avant d'aller dormir à Fianarantsoa, histoire de ne pas avoir trop de route le lendemain.  

Dernier village traditionnel


Pour ce dernier jour avec Andry, Alexis, Nico et Laurent se font déposer à Antsirabe tandis que Leila rentre en 4x4 sur Tana pour se reposer. 

Les garçons assistent à un combat de coqs, discipline très populaire à Mada, mais beaucoup plus trash qu'à Bali. Ici, pas de lame de rasoir sous les pattes, mais des coups de becs dans la gueule de l'autre poulet pendant 2h, jusqu'à ce que le moins résistant s'effondre, à moitié déplumé et la tête en sang. Peu ragoûtant, on file vite voir de la pétanque pour laquelle les malgaches ont un certain talent, étant toujours bien placés aux championnats du monde. 

Le lendemain c'est taxis-brousse jusqu'à Tana où on retrouve une Leila reposée, et on passe une dernière journée achats de souvenirs avant de se quitter le lendemain. 

Dernière portion de route, à 22 dans un taxis-brousse cette fois-ci

C'était vraiment intense et sympa !

Pour nos derniers jours tous les 2, on dit au-revoir aux gens rencontrés à Mada, on dîne chez une bénévole française qu'on avait déjà rencontré 3 ans plus tôt chez Asmae, on traduit le permis de conduire en anglais pour l'Afrique du Sud, et on recroise les mêmes policiers qui nous avaient embêté pour notre première sortie nocturne à Tana. Cette fois-ci, on a nos photocopies certifiées et ils en sont réduits à quémander "une petite bière" comme backshish. Pathétique !

Dernière aventure pour rejoindre l'aéroport. On part 3h en avance mais l'unique petite route d'accès et la circulation font que le temps passe et qu'on se résigne à devoir rater notre avion. On arrive finalement moins de 1h avant le vol, et les employés de l'aéroport nous accueillent avec des moora-moora pour nous déstresser. 

3h de vol nous séparent de Johannesburg et le début d'un road trip de 6 semaines à travers l'Afrique du Sud et la Namibie.