Cette fois-ci, c'est avec les amis de Laurent qu'on va passer du temps. Alexis, Cédric et Nico débarquent à Madagascar pour 10 jours de découverte intensive, même si rien n'est encore à l'ordre du jour.
Pour les accueillir on ne cherche pas l'originalité, on refait le même programme qu'Adeline nous avait concocté : déjeuner retrouvailles, balade en ville jusqu'à un bar local panoramique, puis retour en taxi jusqu'au resto du Sakamanga, un des hôtel les plus connus de la ville.
Le soir, on sort dans un autre hôtel fameux, Le Glacier, où un groupe de musique fait danser les prostituées et leurs clients vieux et blancs. Ambiance... particulière.
Le lendemain, c'est visite des agences de voyage, discussions à bâton rompu et longues hésitations sur le programme : tranquillou sur la côte Est et île Sainte-Marie, ou aventure sur la côte Ouest et baobabs. C'est finalement cette dernière option qui l'emporte, et on réserve un 4x4 avec chauffeur pour les 10 prochains jours. Timing serré !
On passe une dernière soirée avec Merle et Taylor, un couple de volontaires avec qui on avait sympathisé chez Manda. Nous recevons un SMS de leur part pour nous dire que juste après nous avoir quitté ils ont fini dans une des cellules du commissariat d'à côté, après une rencontre avec les mêmes flics qui nous avaient embêtés avant la colo ! Ils n'avaient ni passeports ni argent sur eux, et n'ont pu sortir que grâce à un touriste français qui était avec eux et qui a payé le backshish. Heureusement, il n'y ont pas passé plus de 10 minutes.
Départ à 5h30 pour "faire de la route". C'est une journée de 13h qui nous attend pour rallier Morondave, la ville des baobabs, et le début de la piste côtière qui longe la côte Vezo, un peuple de la mer.
Le 4x4 est confortable avec les bagages sur le toit, et on découvre avec grand plaisir notre chauffeur et compagnon pour ce road trip, Andry. Très sympa, ouvert et cultivé, il parle français grâce à son père qui était postier, et nous fera rentrer dans la culture de son pays plus que n'importe quel autre guide depuis le début de notre voyage.
Notre 4x4 pour 10 jours
On passe par Antsirabe et nous revoyons tous les endroits fréquentés durant la colo, avec en prime une visite de l'hôtel des Ternes, l'endroit où le roi du Maroc Mohammed V avait été exilé par les français. Émotion historique :)
Hôtel des Ternes où fut exilé Mohammed V le roi du Maroc
On achète du foie gras qu'on mange pour notre premier lunch sur la route. Et oui, Mada est réputé pour son foie gras et à juste titre !
La route est en bon état, et plus on va vers la mer plus les paysages deviennent "savaneux". On quitte les hauts plateaux et leurs maisons en briques pour trouver des constructions en pisé et en chaume qui nous rappellent les campagnes birmane et laotienne.
Vers la côte, la brique est remplacée par la chaume
On croise peu de personnes, mais on tombe à un moment sur un village de chercheurs d'or, les pieds dans la rivière, occupés à effriter la pierre au gourdin puis tamiser la poussiere dans l'eau.
Chercheurs d'or
Un de nos rares arrêts avec celui où on observe la fabrication des briques, activité omniprésente le long des "grandes" routes.
Fabrication de briques
On fini par arriver de nuit à Morondave, épuisés par le trajet. On apprécie pour la première fois en 6 mois un plateau de fruits de mer et on rejoint nos bungalows pour une nuit réparatrice.
Le lendemain c'est visite de la fameuse allée des baobabs, lieu le plus photographié de Madagascar. Et c'est vrai que c'est très photogénique !
L'Allée des baobabs
On s'attend à y trouver du monde, et on est surpris par le peu de touristes et de boutiques. Tant mieux.
On en profite à midi, puis au coucher du soleil après avoir été voir les lémuriens du Camp Amoureux qui doit son nom à 2 baobabs entrelacés.
Lémuriens propithèques
Baobabs amoureux
Tout est magnifique.
On fini par un dîner Chez Patricia (tous les restos ou hôtels sont chez quelqu'un ici) avec en bruit de fond le concert sur la plage d'une célébrité malgache.
On commence la piste de 5 jours le lendemain, avec comme première étape Belo sur Mer qu'on doit atteindre vers midi. Enfin, ça c'est ce qu'on pensait avant que le 4x4 fasse des siennes...
On traverse notre premier gué, une large rivière peu profonde, et on découvre comment les locaux arrivent à rentabiliser la piste. Un "guide" est là pour nous montrer le bon chemin. Notre chauffeur nous explique qu'il a creusé des trous/pièges partout ailleurs dans l'eau pour forcer les voitures à verser leur aumône. C'est le début de cette "piste de l'argent", où les gens très pauvres font ce qu'ils peuvent pour gagner trois fois rien.
Passage à gué et "guide" nous évitant les pièges
Une fois de l'autre côté la voiture s'ensable et on découvre que la fonction 4x4 ne marche plus... Andry s'essaye à quelques réparations infructueuses avant d'appeler son QG qui nous promet une nouvelle voiture dans la journée.
Aurait-on perdu la fonction 4x4 ?!
On attend donc, entourés par les habitants du village voisins armés de hachettes et machettes, mais très sympathiques. On fait nos associables au début en restant jouer aux cartes dans la voiture pour profiter des potes, avant de nous décider à sortir échanger avec les locaux. A moitié rassurés, on fini par passer un bon moment avec eux, à danser, jouer aux cartes et même montrer quelques unes de nos photos. On n'avait bien sur rien à manger, et ils nous préparent gentiment des patates douces et du manioc qu'ils nous vendent à prix doux.
On est étonné de ne pas voir plus de vieux, et Andry nous explique que l'espérance de vie est ici très basse car les gens boivent de l'eau stagnante et attrapent rapidement une bactérie mortelle (d'après Le Routard, 30% de la population malgache vit moins de 40 ans !!!).
On est aussi surpris de retrouver les femmes le visage protégé avec le même "tanaka" qu'en Birmanie, une racine moulue qui fait un masque naturel jaune.
Les femmes mettent le même "tanaka" qu'en Birmanie
Les enfants, eux, sont un peu effrayés par la barbe de 6 mois de Laurent et s'amusent à se faire peur avec.
Andry distribue quelques médicaments et nous traduit une drôle de demande des villageois : "est-ce qu'il a un médicament pour avoir un ventre aussi rond que le sien ?". Ici où même le riz est trop cher et remplacé bien souvent par le manioc ou la patate douce, être bien en chair est un signe de richesse et de santé.
La voiture de rechange tarde à arriver et se pointe en fin d'après-midi avec un mécano à bord. Il inspecte, analyse, puis emprunte une hachette, une barre de fer et après les 10 coups de "marteau" les plus lucratifs de Madagascar, il annonce que c'est réparé et repart avec une grosse somme !
On est content de pouvoir repartir de l'avant après 7h d'immobilisation, même s'il est 17h et que nous ne devrions pas rouler de nuit. En plus, on garde notre chauffeur avec qui on accroche bien.
On passe de nouveaux gués, d'eau stagnante cette fois-ci (et donc contaminée ?), avec de nouveaux "guides", sauf pour le dernier où il commence à se faire tard et personne ne nous attend. Andry s'aventure jusqu'aux mollets pour tâter le terrain, puis lance le 4x4 dans l'eau. Ça passe, mais il nous dira le soir même : "on a prit des risques tout à l'heure dans l'eau". Ah bon ?!
Passage à gué d'eau stagnante contaminée
Ça n'est pas la seule fois du séjour où il ne nous dira qu'après que ça n'était pas si safe qu'il n'y paraissait :)
La nuit tombe et il nous reste l'épreuve de la traversé de la saline pour rejoindre Belo. Andry se perd un peu et on fini au GPS L&L pour arriver à suivre la piste et éviter l'embourbement.
Première journée de piste forte en émotions, et pour nous récompenser le ciel nous offre une vue magnifique sur la voie lactée !
Milkyway au dessus de Belo sur Mer
Dernière sensation, le petit serpent qu'on trouve à l'entrée de notre bungalow avant d'aller se coucher... On en verra le lendemain, après un sommeil plutôt tranquille, de nombreuses traces dans le sable sous la chambre. Bon, on a aussi appris que les serpents sont ici innofensifs et que les enfants adorent jouer avec :)
Dernière surprise de la journée
Belo est un village de pêcheurs vraiment charmant, mis en valeur par la lumière du petit matin. Réputé pour ses constructions de boutres/goélettes hérités des marins bretons, on fera nous un petit tour de la lagune en pirogue et on se baigne dans la mer pour seulement la seconde fois depuis 6 mois.
Village charmant
Construction de boutres/goélettes
Tour en pirogue
Coup de cœur, on n'a malheureusement pas le temps de s'attarder. La piste nous attend, jalonnée de baobabs, direction Manja où nous arriverons pour le troisième jour de suite de nuit, malgré les nombreuses mises en garde qu'on nous avait faites à Tana...
En plus, Andry nous avouera quelques jours plus tard qu'on était en plein dans la "zone rouge" de Madagascar, là où il y a le plus d'attaques de pillards, entre 17h et 18h, soit le moment le plus dangereux...
Heureusement, ni peur ni mal.
Le lendemain, on se lève tôt pour une balade dans cette ville qui s'éveille, et on prend le petit déjeuner dans une gargotte qui attend les fidèles à la sortie de la messe, en face d'une église.
Il est 6h, Manja s'éveille
Le ventre plein, on reprend la route. On croise des villages de plus en plus isolés, coupés du reste du pays dès la saison des pluies, où certains enfants n'ont jamais vu un blanc de leur vie. On se pose alors la même question que dans beaucoup de pays : "faut-il leur faire plaisir et leur donner des bonbons, ou est-ce une mauvaise habitude/image qu'on donne du vazaha ?"
Dans ces endroits où la pauvreté est extrême et où les gens n'ont rien, Andry nous explique que les travailleurs journaliers ne négocient pas le salaire, qui est fixe, mais la quantité de riz qu'ils vont manger le midi !
2 étapes marquantes nous attendent aujourd'hui :
Un immense baobab de plus de 15m de circonférence, et des champs rouges de salicornes.
Le plus gros baobabs qu'on a vu !
Des champs rouges de salicornes, une petite plante qui se mange
Le passage d'un bac, petit radeau qui accueille notre gros 4x4 plus une vingtaine de locaux, qui dès la sortie se mettent à pousser la voiture pour l'empêcher de s'enfoncer dans le sable. On est tous à l'intérieur, entourés de ces gens qui courent et qui crient, qu'Andry garde motivés grâce à quelques billets qu'il donne régulièrement. Impressionnant et peu rassurant, mais Andry rigole et nous explique que c'est tout le temps comme ça, et qu'il s'en est sorti pour pas cher car il a argumenté qu'on n'avait peu besoin d'eux car les vazaha (nous) peuvent pousser. Le seul problème c'est que là aussi il y a des pièges artificiels...
Passage du bac pour nous + une vingtaine de pousseurs locaux
On arrive à Morombe, ville un peu fantôme suite au passage de plusieurs cyclones et une route d'accès pas entretenue, qui rappelle les westerns de Sergio Léone. L'hôtel est à l'image de la ville, beau mais qui a vu passer son heure de gloire.
C'est la première fois qu'un policier à la recherche de backshish trouve quelque chose à reprocher à Andry. Et pourtant, on a croisé des contrôles tous les 20 à 50km sur les routes... Cela se règle naturellement dans l'intimité de la cabane du fonctionnaire, un petit billet changeant de main. Fléau des malgaches, les policiers/gendarmes/militaires font partis du décor, mais nous choquent à chaque fois qu'on les voit !
On se baigne et on observe les pêcheurs qui rentrent de leur journée tout en prenant l'apéro au vin/fromage/saucisson ramenés par les potos. On peut enfin en profiter maintenant que les estomacs des copains sont un peu remis de leurs premiers jours à Mada... Andry découvre de nouvelles saveurs, et nous ça nous fait du bien :)
On avait fait le plein d'eau minérale avant la piste, et Andry rempli les bouteilles d'eau locale au fur et à mesure qu'on les vide, les donnant aux gens qu'on croise, soignant ainsi son relationnel et sa réputation dans le coin tout en aidant les locaux. Quelques fois des marcheurs, d'autres fois des "guerriers" armés de fusils ! Éleveurs qui se défendent ou voleurs de zébus ? On ne saura jamais.
Pour atteindre Salary on doit traverser 20km de dunes de sable sur lesquelles on a plus l'impression de flotter que de rouler. Épreuve la plus difficile du parcours, qu'on ne fait normalement qu'en tout début de matinée, on y entre vers midi à l'heure la plus chaude, et on comprend vraiment le danger quand on dépasse un 4x4 tout neuf abandonné en pleine piste, sûrement victime d'un problème technique et de l'absence de dépanneuse dans ce "trou du cul" de Madagascar ! On apprend plus tard qu'il a été victime de l'essence achetée à Morombe qui n'était pas bonne ! On comprend mieux pourquoi Andry nous a fait remplir un gros bidon à Morondave, avant de nous lancer sur la piste. Bidon qu'on a d'ailleurs failli perdre en cours de route...
Heureusement, notre voiture vient d'être réparée et Andry est un pro. Ventilateur bricolé juste au dessus du moteur, petites pauses pour refroidir la machine, il ne peut retenir un petit Hourra quand on en sort enfin :)
On traverse ensuite des paysages de sable tellement clair qu'on croirait du noir et blanc sur fond de ciel bleu profond.
Sable blanc, Salary est proche
Salary est à nous, logés chez Francesco un italien amical qui a besoin de parler, un peu trop obsédé par l'argent (il ne cesse de nous répéter que c'est pas faCHilÉ, voir même diffiCHilÉ, mais on négocie quand même les chambres :p), qui a bâti un hôtel/bungalows vraiment sympa qui permet d'apprécier ce coin de paradis.
Chez Francesco, un hôtel un peu cher mais vraiment sympa
Situé en face d'une plage magnifique et d'un immense lagon turquoise qui s'étend sur plusieurs dizaines de kilomètres, on croit rêver. On fait rapidement connaissance avec les pêcheurs et les enfants du village d'à côté et on voudrait ne plus sortir de cette eau chaude et irréelle. Le soir on a droit à un vrai festin de poisson frais, grillé, en ragoût, et même en délicieux carpaccio !
Salary, petit paradis
On rencontre les enfants et les pêcheurs du village d'à côté
La dernière est la plus petite journée de piste. Heureusement, car on est tassé dans la voiture. On amène avec nous Claire, la femme (malgache) de Francesco, qui doit aller dans sa famille assister à un retournement des mort. C'est une pratique courante et quasi obligatoire à Madagascar où les ancêtres sont sacrés, qui consiste à sortir certains membres morts de la famille pour leur rendre hommage le temps d'une journée. En général, il y a énormément de monde (famille, village, etc.) et une ambiance très joyeuse. Malheureusement, nous n'avons pas eu l'occasion d'en voir un.
On termine la côte Vezo à Ifaty, une vraie station balnéaire qui reste quand même très sympa, surtout chez Cécile, l'hôtel qui nous accueille dans un immense bungalow en dur face à la mer.
À Ifaty, c'est plus balnéaire
Le lendemain on dépose Cédric à l'aéroport de Tuléar, la grande ville du sud-ouest, et on continue à 4+Andry pour une remontée de la RN7, la route touristique du pays.
RN7 traversant le magnifique parc national d'Isalo
On retrouve goût à l'asphalte après 5 jours de piste, et on file sur Ambalavao où un super spot d'escalade nous attend. Nico a amené son matos, et après une nuit dans un ecolodge perdu en face de l'immense falaise, on attaque dur par une marche d'approche sous le cagnard.
Ambalavao, un spot d'escalade mondialement connu
Laurent se teste juste sur une voie très facile avant de redescendre à l'hôtel avec Leila prendre un coca avec les lémuriens, pendant qu'Alexis et Nico transpirent et profitent.
Même Andry s'y met et découvre l'escalade !
Et profite de la vue d'en haut
Les lémuriens sont de la partie à l'hôtel
Sensations fortes et vallée paisible, ça valait le déplacement, jusqu'à ce petit village typique dans lequel on se balade rapidement avant d'aller dormir à Fianarantsoa, histoire de ne pas avoir trop de route le lendemain.
Dernier village traditionnel
Pour ce dernier jour avec Andry, Alexis, Nico et Laurent se font déposer à Antsirabe tandis que Leila rentre en 4x4 sur Tana pour se reposer.
Les garçons assistent à un combat de coqs, discipline très populaire à Mada, mais beaucoup plus trash qu'à Bali. Ici, pas de lame de rasoir sous les pattes, mais des coups de becs dans la gueule de l'autre poulet pendant 2h, jusqu'à ce que le moins résistant s'effondre, à moitié déplumé et la tête en sang. Peu ragoûtant, on file vite voir de la pétanque pour laquelle les malgaches ont un certain talent, étant toujours bien placés aux championnats du monde.
Le lendemain c'est taxis-brousse jusqu'à Tana où on retrouve une Leila reposée, et on passe une dernière journée achats de souvenirs avant de se quitter le lendemain.
Dernière portion de route, à 22 dans un taxis-brousse cette fois-ci
C'était vraiment intense et sympa !
Pour nos derniers jours tous les 2, on dit au-revoir aux gens rencontrés à Mada, on dîne chez une bénévole française qu'on avait déjà rencontré 3 ans plus tôt chez Asmae, on traduit le permis de conduire en anglais pour l'Afrique du Sud, et on recroise les mêmes policiers qui nous avaient embêté pour notre première sortie nocturne à Tana. Cette fois-ci, on a nos photocopies certifiées et ils en sont réduits à quémander "une petite bière" comme backshish. Pathétique !
Dernière aventure pour rejoindre l'aéroport. On part 3h en avance mais l'unique petite route d'accès et la circulation font que le temps passe et qu'on se résigne à devoir rater notre avion. On arrive finalement moins de 1h avant le vol, et les employés de l'aéroport nous accueillent avec des moora-moora pour nous déstresser.
3h de vol nous séparent de Johannesburg et le début d'un road trip de 6 semaines à travers l'Afrique du Sud et la Namibie.