vendredi 12 décembre 2014

Bilan Madagascar

Nombres de jours : 42
Nombres d'etapes : 11
Dépenses par jour par personne : 65100MGA, soit 20€
Nombre de pas par jour : 11200
Nombre de jours avec quelques heures de pluie : 2
Côté conduite : droite / côté volant : gauche

Laurent :

Dès l'arrivée à Madagascar on a l'impression d'être dans un autre monde. Par rapport à la France bien sûr, mais même par rapport au Kenya. La route qui vient de l'aéroport est toute petite (pour nous) et traverse des quartiers où l'on voit beaucoup d'enfants et de pauvreté.
Ça donne le ton du mois et demi qu'on va passer ici.

Par rapport au Kenya, on retrouve ici une mentalité plus latine, moins distante de loin et moins "Hey man, how you doing, my name is John, and you ?" au premier contact.
On peut parler français dans la rue pour la première fois depuis des mois :)

L'insécurité est présente, mais pas comme au Kenya où chacun se barricade chez sois et où on a peur dès qu'on sort. Tana est très impressionnante de prime abord, surtout quand on se fait faire les poches direct, mais on fini par l'apprivoiser et s'y sentir quasiment à l'aise.

Les gens sont gentils et curieux. Un peu comme en Asie. D'ailleurs, ils sourient tout le temps.
Au niveau culture, c'est le pays où on se sera le plus immergé, où on aura le plus appris/compris de choses malgré la complexité (castes, prostitution, pacifisme) : on y a passé 1 mois 1/2, on a été au contact des locaux et des enfants avec l'association Manda, on a rencontré quelques expats, on a choisi un itinéraire en 4x4 en dehors des sentiers touristiques avec un guide francophone et cultivé qui nous a expliqué énormément de choses. On a vraiment eu l'impression de pouvoir cohabiter avec les malgaches avec qui la barrière de la couleur et de l'argent est moins sensible que dans beaucoup d'autres pays. En Inde par exemple, où les touristes restent dans un "circuit" établi. 

Madagascar est un des plus beau pays qu'on ai vu, et cela fait mal de voir dans quel état de pauvreté vit la population.
Pas de routes, pas de transports en commun, pas même de motos comme en Asie. Les gens marchent.
Pas d'État : on n'a quasiment pas vu d'ambulance ou de pompiers, et les flics sont omniprésents mais uniquement à la recherche de backshish. Les écoles sont a priori catastrophiques et dès qu'ils en ont les moyens, les gens mettent leurs enfants au privé, même les plus pauvres !
Les tribunaux sont engorgés et minés par la corruption, et les malgaches peuvent avoir recours à des jugements populaires pour trouver un peu de justice...
Dès qu'un président semble vouloir faire des choses pour le peuple il se fait mettre dehors.

Alors pourquoi est-ce que ça n'évolue pas ?
C'est une question qu'on est en droit de se poser, sachant que Madagascar n'a pas connu de guerre depuis longtemps, que les gens sont bosseurs et que le pays possède des richesses naturelles !
Le pays est-il bloqué de l'intérieur ou de l'extérieur ?
J'ai trouvé qu'un séjour ici m'a fait plus réfléchir aux relations entre le Nord et le Sud que les premiers mois de voyage.

Au final, Mada est une vraie découverte et bien le pays coup de cœur qu'on s'imaginait, au même titre que la Mongolie.

Leila :

Madagascar est un pays qui fait rêver mais auquel j'évitais de penser ne savant pas à quoi m'attendre pendant nos 3 semaines de bénévolat, ne rien anticiper pour ne pas stresser? et me laisser porter vers un projet qui nous tenait à cœur avant la préparation de notre voyage. On savait que le contexte serait moins facile que notre unique bénévolat en Inde (pas d'intimité, être avec les enfants 24/24, sont ils agressifs? Éduqués?...)

3 semaines finalement enrichissantes dans l'ensemble, des fois pénibles et éreintantes, d'autres intenses moralement et physiquement.

Enfants de rue. Ces mots résument assez bien le constat que nous avons pu en faire. Même si on ne réalisait en rien, avant de rentrer dans la cour de jeux de l'association.
On ne réalisait certainement pas la portée de ces mots. Enfant de rue. C'est lorsqu'on côtoie tous les jours ces petits bouts de chou, qu'on recroise, au travail, le soir même au marché avec une tête et une expression différente.... 

Le plus touchant est aussi cette équipe d'encadrants, formidables et admirables de dévouement. Un bel exemple de solidarité, qui nous donne envie de nous investir à leurs côtés, auprès de ces enfants. On n'est pas là pour faire semblant ou soulager notre conscience. On ne peut refuser un gros câlin à un enfant qui dort dans la rue même s'il a des puces et des poux.... On avale ce soussou de ***** religieusement.

Le retour à Antananarivo fut déroutant puisque nous nous sommes retrouvés, comme projetés, sans étape intermédiaire ou préparatoire dans un hôtel avec WC (!!!), douche et eau chaude (!) aucune puce (!) Ce qui représentait pour nous, à cet instant, grand luxe et confort. Avec en prime un restaurant qui sert des quantités énnoooormes de viandes sauce camembert (!!!), andouillettes, salades.... Un paradis après le traumatisme de nos repas précédents au soussou. C'était une extraction volontaire et nécessaire de notre rythme de voyageurs, pour nous remettre tranquillement d'un épuisement que nous avons rarement ressenti avant.

Tana ou Antananarivo n'a pas été que les 5 kgs pris à l'hôtel au retour du chantier, on se désarme toutes les fins de journée de toutes ces peines croisées et de ce chaos d'un autre temps. Comportement contradictoire d'ailleurs. Mais que voulez vous ?  On s'empifre le soir alors qu'on se révolte le jour.

C'est clairement la première fois que je suis autant déboussolée par la misère.
On savait Madagascar un des pays les plus pauvres mais on s'est pris une claque à l'arrivée (dés l'aéroport - aucune infrastructure). Rien à voir avec l'Inde où la misère nous y semble maintenant comme plus "organisée". Dans ces pays, comme si la misère générale ne suffisait pas, on y ajoute un système de hiérarchie qui écarte encore plus certains. Le système des castes en Inde, les descendants des esclaves à Madagascar. 
En Inde, les saris homogénéise la pauvreté. Au Maroc, on construit des murs tout le long des bidonvilles. On tasse toute cette misère. On la cache. Ici la misère est omniprésente et donc bien plus frappante. Partout. Même dans les quartiers riches ou touristiques. Les femmes font leur linge à même  la bouche des égouts en plein centre ville. 
Le soir venu et en pleine rue touristique, un décor un peu moyenâgeux et effrayant s'installe : des feux s'allument à chaque coin de rue, les gens se regroupent autour pour s'éclairer / se réchauffer ou créer plus de convivialité. Plusieurs quartiers se retrouvent dans la pénombre totale. Pas d'électricité du tout. L'hôtel de ville brille.

Le temps s'est comme arrêté. Des 4L, des 2CV et des chevaux circulent le long de ces collines. Des épiceries sommaires, des marchands de quelques légumes desséchés par le soleil. Pourquoi ne se révoltent-ils pas ?

Ici l'argent ne "roule pas mais monte" . je n'ai jamais vu autant de barrages de police, en ville à quelques mètres des hôtels et des resto/bars (astucieux pour cibler les touristes pigeons) et tous les 30kms sur La route nationale. Ces gars ont au moins le mérite de ne pas faire dans l'hypocrisie : l'argent est démandé sans raison et directement.

On n'a jamais été autant déboussolé et paumé depuis le début du voyage.  On s'est fait des frayeurs à marcher de nuit, on a tourné en rond ne savant pas comment s'y prendre pour trouver une connexion Internet un certain dimanche. On ne savait pas où manger... On s'est toujours débrouillé jusque là mais on n'a jamais autant piétiné qu'à Tana. Maintenant c'est dû à notre contexte personnel qui a fait que nous y avons passé du temps dans cette capitale. Généralement, un touriste y passe 1 ou 2 nuits max. Et pour cause. 

La pauvreté est aussi extrême à l'extérieur de Tana mais la diversité des paysages y est insoupçonnée.

Après les retrouvailles avec les potos, nous sommes partis  ensemble pour une super aventure, riche en secousses (sur une piste très cabossée) en compagnie de notre guide Andjy qui parle couramment français ce qui facilite les échanges sur la culture et la société malgache.

Le départ des potos nous plongent dans  un sentiment  bizarre, de les voir repartir vers chez nous mais sans nous... 

À Madagascar, j'ai eu conscience, pour la seconde fois après le Kenya mais pas autant, du développement et de la chance que nous avons au Maroc.

Madagascar c'est énormément de souvenirs et des images de fooôoliiiiiiie en tête ! Paysages (sable blanc, mer turquoise, baobabs, rizières, villages.....) mais surtout la richesse humaine (visages, sourires, rires, chaleur, silhouettes couronnées de beaux chapeaux, so elegant !...)

Mada on y retournera !

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