Le Dal Bhat c'est le plat national népalais : du riz blanc, des légumes verts type épinards ou côtes de bettes, un curry de pommes de terres et du dal (soupe de lentilles). Le tout reparti en différents endroits de l'assiette, et pouvant être agrémenté d'une crêpe craquante à la farine de lentilles (papad) et de sauce piquante. Ça apporte toute l'énergie nécessaire à la marche, et on peut prendre de tout à volonté. On choisi d'en manger midi et soir, quasiment tous les jours, comme des vrais népalais, qui eux mangent ça toute leur vie, et avec le sourire. Heureusement, ce plat ne provoque aucune lassitude. Ca serait même plutôt l'inverse qui se produit : le Dal Bhat nous manquait après le trek ! C'est le dhal bat power selon notre guide.
Un plat unique, tous les jours pareil, mais chaque fois différent. Chacun apporte sa petite touche d'épices. Nous avons l'impression de le redécouvrir à chaque fois.
Le fameux Dhal bat, le plat national népalais
Les marches, c'en est le paradis. Ça finit par devenir notre enfer. On ne sait pourquoi, les népalais ont recouvert tous leurs chemins de grosses dalles de pierres, qui deviennent des marches lorsque ça monte ou que ça descend. Si bien qu'en 6 jours, on a grimpé et dévalé des milliers de marches. Irrégulières bien sur, sinon la partie serait trop facile. On doit donc regarder nos pieds à chaque pas pour être sur de ne pas en manquer une ou au contraire trop anticiper la suivante.
Cela rend l'exercice amusant au début, fatiguant sur la fin. C'est une façon de randonner complètement différente de la France, et on comprend que les népalais y sont plus habitués que nous quand on les voit courir en tongs avec des charges de 30kg sur le dos !
Les rencontres enfin. Car après 1 mois en Inde durant lequel on est pratiquement resté uniquement tous les deux, on redécouvre les joies d'une vie sociale.
Le chemin unique et les étapes obligatoires font qu'on démarre en même temps qu'un grand nombre d'autres trekkers/touristes qu'on croise durant 6 jours, au gré des pauses des un et des autres (parfois jusqu'à 10 fois par jour), et dans les lodges (gîtes népalais où l'on peut manger, dormir et même prendre une douche chaude).
On se rend d'ailleurs compte que les rencontres ne cessent pas après le trek : touristes, voyageurs, locaux. Lancés comme nous le sommes, nous discutons maintenant avec tout le monde au moindre prétexte, dans un perpétuel échange culturel qui nous permet d'améliorer grandement notre anglais.
Pour revenir au trek, après 1h30 de taxi, 3/4 d'heure de marche d'approche et le tamponnement de nos permis, nous sommes prêts pour ces 6 jours d'effort. Avec comme gros challenge, 3300 marches d'affilées dès le premier jour.
Cette première journée commence cependant tranquillement avec une piste carrossable en légère montée au milieu des cultures en terrasses, qui s'accentue fortement avant midi et notre premier dal bhat. La suite est moins drôle, les marches nous attendent. C'est d'autant plus dur qu'il fait un soleil de plomb. Finalement, nous ne grimpons "que" 2000 marches pour arriver au premier hôtel vers 16h. Les 1300 autres seront pour le lendemain matin.
Douche chaude, thé et rencontre avec Ben, un allemand que nous recroiserons plus tard.
On se sent épuisé, lessivé et vidé, mais en même temps fier d'avoir gravi toutes ces marches pour trouver en haut un paysage et un calme typique de la montagne.
L'hôtel et l'ambiance sont de plus très sympas, les cuisines ouvertes sur la cour nous donnant un aperçu de la vie locale, les guides faisant la transition entre les trekkers et les habitants.
Le lendemain est une petite journée car nous devons obligatoirement dormir dans le village au pied de Poon Hill, à seulement 4h de marche, pour monter en haut au levé du soleil.
Nous en profitons pour nous attarder dans les villages, contempler avec envie une chèvre en train de rôtir (pas de pitié quand on n'a pas vu de viande depuis longtemps) et prendre des photos du paysage qui est magnifique !
Ayant négligé de prendre un gros petit déjeuner car cher, on tombe vite en hypoglycémie et ne nous remettons d'aplomb que grâce aux Bounty apportés de Pokhara.
Nous ne referons pas la même erreur 2 fois, et les Set Breakfast (œufs, toasts, pommes de terre) seront maintenant à l'honneur.
On passe l'après-midi dans l'hôtel, à regarder tomber une petite pluie fine et tenter de se réchauffer. Il fait entre 0°C et 5°C dehors, pas beaucoup plus dedans. Les duvets et les couvertures ne sont pas de trop pour la nuit !
On plaint d'ailleurs les courageux du camp de tentes voisin qui doivent être transis.
Pour l'anecdote, on est aussi tout content de tomber sur un morceau de yak cheese dans une petite épicerie. Nous n'avons pas de pain, et le fromage pas trop de goût, mais nous l'apprecions comme 2 personnes privées depuis 1 mois.
Levés à 4h dans la nuit glaciale, on suit le troupeau de trekkers qui se rend au sommet à la lumière des frontales, enlevant une couche après l'autre, suant sous l'effort.
On nous avait vendu du rêve, avec une vue panoramique sur la chaine des Annapurna, nous n'avons le droit qu'à un bout de montagne durant 30 secondes, puis une mer de nuages qui nous suivra pendant 2 jours.
Cela crée une ambiance très Sleepy Hollow (film de Tim Burton), surtout que pour le 3ème jour nous crapahutons dans la jungle. Les arbres tordus se fondent dans la brume et étendent leurs lianes. Cela manque de couleur, mais pas de charme.
Ambiance très "Sleepy Hollow" dans la jungle népalaise
Nous sommes accompagnés toute cette journée par Ben, l'allemand du premier soir, re-recontré au sommet de Poon Hill, avec qui nous avons tout de suite sympathisé.
Les discussions en anglais toute la journée nous montrent qu'on progresse sans forcément s'en apercevoir.
On s'arrête dans un tout petit lodge duquel on doit cette fois-ci avoir la vue le matin.
La fin d'après-midi est propice aux échanges, notamment avec le guide de Ben qui tente d'apprendre le français avec Leila.
Avant de dormir, on se régale avec le meilleur dhal bat du trek. Il est a noter que chaque lodge a son potager, et que la nourriture est donc plus que bio. Ici, c'est pour le curry de pommes de terre qu'on craque.
Au réveil, c'est un peu mieux que la veille, mais il faudra encore attendre pour voir les Annapurna dégagées.
Durant cette journée, la grande majorité des trekkers nous quittent, n'ayant prévu de marcher que 4 jours.
Nous continuons donc, plus isolés, avec comme objectif un éco-village, dans lequel nous passerons notre 5ème et dernière nuit.
2000 marches de descente, encore plus éprouvante que la montée du premier jour, puis montée d'1/2 heure avant de finir sur le plat pour rejoindre le 4ème lodge, juste à temps avant l'Orage avec un O. D'une durée d'à peine 20 minutes mais d'une violence impressionnante, il nous passe dessus déchaînant son tonnerre, son vent et ses grêlons de la taille de M&M's, nous laissant une magnifique surprise, notre première belle vue sur les Annapurna.
Des grêlons de la taille de M&M's
Le calme après la tempête
On passe la soirée avec Sarah et Galit, une française et une israélienne que nous avons croisé durant plusieurs jours, et qui nous accompagneront la matinée suivante, avant de rentrer sur Pokhara.
Pour notre 5ème jour de marche, le paysage change progressivement au fur et à mesure que l'on descend. Nous ne sommes plus en montagne, mais plutôt en colline, et traversons de nombreux villages traditionnels, non tournés vers le tourisme comme pouvaient l'être ceux des jours précédant.
En fin d'après-midi, une femme en train de se laver les cheveux dans la fontaine publique nous invite spontanément à boire un verre de vin local, sorte d'alcool blanc un peu trop fort pour nous après tous ces efforts. On en profite pour se poser et la regarder faire les taches quotidiennes. Un moment d'echange très sympa même si on ne parle pas la même langue.
L'eau courante est uniquement à la fontaine publique
On arrive enfin au fameux éco-village, tant vanté par notre guide, qui est effectivement un havre de tranquillité.
Ici, tout est produit sur place, à l'exception de quelques biens manufacturés. L'eau passe par 3 bacs à sable pour devenir potable, le potager fourni les légumes et le jardin les herbes, la vache le lait et les poules les œufs. Enfin, l'électricité vient des panneaux solaires et le gaz des toilettes ! Impressionnant de débrouillardise et de gentillesse, le propriétaire, après nous avoir fait faire le tour, nous explique qu'il a créé cet hôtel pour sensibiliser les népalais, et notamment les écoliers, à plus respecter l'environnement, en reprenant une terre familiale et en préservant le savoir faire de ses parents agriculteurs.
Parents qui habitent d'ailleurs dans cet éco-village et qui nous montrent à leur tour certaines techniques traditionnelles, comme moudre le maïs pour les poules avec une sorte de petit moulin à main.
Ici, on moût le maïs pour les poules à la main
On se lave ici pour la première fois au sceau, dans lequel on prend de petits bols d'eau pour se mouiller et se rincer. Cela pour économiser l'eau chaude. On apprécie d'autant plus chaque lichette d'eau, avec un réel plaisir !
On passe notre dernière nuit dans cette nature et contemplons une dernière fois les Annapurna qui sont splendides au sunrise, avant de redescendre dans la vallée.
Vue depuis l'eco-village, au sunrise
Notre guide, que nous n'avons n'avons pas apprécié de tout le trek, nous a réservé une dernière mauvaise surprise.
Nous sommes chargés d'emmener une chèvre avec nous, au bout d'une longe. Bien sur, celle-ci ne voulant pas venir, se fait trainer par le fameux guide durant 2 heures, bêlant de toutes ses forces, nous donnant l'impression d'entendre une scène de torture animale (à voir vidéo sur le Dropbox).
Nous apprenons en arrivant en bas, que cette chèvre qui d'après notre guide était pour une famille à laquelle il rendait service, va en fait être découpée par ses soins pour être revendue.
Notre guide tirant une chèvre pendant les 2h de descente
Nous nous en séparons sans tristesse à Pokhara.
Après un jour de repos, on se prépare maintenant à une autre épreuve, d'un genre très différent, mais toute aussi intense : 8h de bus pour rejoindre Katmandou, et 3 amis qui viennent de France.