Après une courte nuit dans le bus, on arrive à La Rioja à 5h du mat. On se renseigne rapidement et le bus de 7h qu'on visait est bien d'actualité. On prend les billets, puis le petit déjeuner dans une gare routière peuplée quasi uniquement par des chiens de rue (il y en a partout en Amérique du Sud, mais ils ne sont pas agressifs comme ils peuvent l'être en Asie).
La route pour aller à Villa Union est magnifique. Elle traverse le parc national de Talampaya et donne le ton des merveilles qui nous attendent ces prochains jours.
Dans le bus pour Villa Union
On débarque dans un gros village, planté entre le désert et la cordillère des Andes, qui semble endormi alors que l'heure de la sieste est encore loin.
On marche jusqu'au supermarché, on fait quelques courses et on appelle le gérant de la cabana qu'on a réservé (location avec cuisine). Il nous y amène en voiture et on s'aperçoit que c'est un peu loin du village. Pas grave, ça nous fera faire de la marche.
Villa Union, un village assez classique
C'est très mignon et très calme. On est les seuls clients et on partage les lieux avec Hugo le vieux gardien et Nano son petit chien. On deviendra super copain avec les deux :)
Ça change du reste de l'Argentine qui est full. On s'éloigne un peu du flux touristique, alors même qu'il y a des choses extraordinaires dans la région.
Notre hôtel
devant la cordillère des Andes
Hugo el tranquilo
et Nano
Après avoir respecté la coutume de la sieste, qui est ici encore plus sacrée qu'ailleurs (40°C oblige), on va "en ville" en stop. C'est vide, à l'exception de quelques kiosques (très petites épiceries) et d'une ou deux agences touristiques. On discute avec le gérant de la première qui emmène deux personnes le lendemain à la Laguna Brava et au Cratère Corona del Inca qui est à 5500m. Du coup, comme on arrive en bonus il nous fait moitié prix et, après avoir hésité quelques minutes on se lance (ça reste cher, plus de 100€/pers, et on appréhende l'altitude même si des bouteilles d'oxygène et un téléphone satellite sont prévus...).
RDV le lendemain à 5h !
Pour ne pas nous rassurer, Hugo (le gardien) nous dit que ce n'est pas prudent de partir à une seule voiture tout là-haut... On prend donc toutes nos précautions : nourriture et eau plus qu'il n'en faut, tous nos vêtements chauds et nos duvets si jamais on reste coincé et qu'on soit obligé de dormir là-bas :)
Fatigués mais réveillés, tout le monde est au RDV. On est avec un couple d'Argentins dans la voiture et on est rassuré de voir qu'un autre 4x4 nous accompagne finalement.
La première partie de route/piste de nuit est impressionnante. Le levé du soleil sur les montagnes est magnifique, avec des couleurs comme on en voit rarement ! Hermoso (magnifique en espagnol, un terme qu'on entendra souvent) !
Première partie de piste au levé du soleil
La piste grimpe de plus en plus, et arrivés à un mini-sommet on aperçoit au loin la Laguna Brava devant des sommets enneigés. A priori on a de la chance que la neige soit là, c'est une fois de plus hermoso !
La Laguna Brava vue de loin
On passe vite devant la lagune, pour arriver au cratère le plus rapidement possible et redescendqueensuite tranquillement. La piste est de plus en plus dure, on s'embourbe plusieurs fois avant le final en apothéose, l'arrivée au cratère avec l'Ave Maria en musique de/à fond (il fait bien les choses notre guide !).
C'est tellement beau qu'on en a les larmes aux yeux, et les argentins eux ne se retiennent pas, contemplant le paysage à gros sanglots de joie !!! Ils sont assez émotifs :)
Il est vrai aussi que tout y est : soleil, un peu de chaleur (5500m le matin quand même), pas un pet de vent. Et même si on respire un peu difficilement on se régale.
Une dernière partie de piste difficile
et la récompense au bout
Après une vingtaine de minute, notre guide nous signifie qu'il est temps de redescendre à la Laguna Brava. Laurent et l'argentine commencent à ressentir un mal de tête et la nausée, typiques du mal d'altitude.
Du coup, l'arrêt à la lagune n'est pas des plus agréable pour lui. Les paysages sont quand même magnifiques, et on a même le droit à une carcasse d'avion et une histoire de crash en plein hiver, dont les occupants réapprovisionnés par hélico ont survécu en redescendant à pieds jusqu'au village. Une nouvelle fois les argentins y vont de leurs petites larmes :)
La Laguna Brava vue de près
Et la carcasse d'avion
On passe aussi par un ancien refuge où un squelette a été retrouvé et enterré avec ses chaussures !
Le refuge du squelette aux chaussures
Et les habitants de la région, les alpagas
La redescente est aussi belle que la montée, avec une lumière différente qui fait ressortir d'autres couleurs sur les montagnes.
La redescente aussi belle que la montée
On arrive à l'hôtel crevés mais heureux. C'est sûrement une de nos journées de voyage les plus magiques.
On est en plus chanceux car il pleut toute la nuit et le lendemain les rivières asséchées la veille sont pleines d'eau, rendant impossible toute excursion.
On va en ville réserver notre sortie suivante : le parc national de Talampaya, souvent comparé aux canyons américains.
On est accompagné toute la journée par Nano, le chien de l'hôtel, mais aussi par un gros chien blanc qui nous a adopté comme maîtres (fréquent ici). On a beau ne rien faire pour le retenir, il nous suit jusqu'à l'hôtel, et on le voit avec surprise toujours là au petit matin, nous ré-accompagnant en ville pour prendre le bus à 7h. Il a passé la nuit autour de l'hôtel (étonnant), sans manger, la queue basse car pas le bienvenu par les chiens du voisinage.
Dans le bus (qui emmène les employés du parc) on rencontre un Suisse, seul autre touriste à bord. On discute bien et on passe la journée avec lui.
Dans le bus pour Talampaya
Au parc, contrairement à ce qu'on nous avait dit la veille, le sol a séché et on peut prendre le camion où on est sur le toit. On ne marche pas ou ne fait pas de vélo car il fait trop chaud !
Notre moyen de transport dans le canyon
On fait un aller/retour de 3 heures dans un canyon rouge magnifique. C'est pour nous unique, la première fois qu'on voit quelque-chose de ce genre depuis qu'on est parti. Hermoso :)
On ne regrette décidément pas cette halte entre Mendoza et Salta, pas forcément très connue mais d'autant plus magique !
Le canyon de Talampaya
On reste encore 2 jours à se reposer à l'hôtel, les bus pour Salta étant complets le week-end. On se plie au rythme du village. Sieste et marche en fin d'après-midi (quand la chaleur est passée) pour aller faire quelques courses ou se connecter à Internet dans un autre hôtel.
Ici, les magasins et cafés ouvrent un peu quand ils veulent.
On apprécie les 2,5km de marche qui nous séparent du centre, même si à la fin on commence par en avoir un peu marre.
On se fait la cuisine nous-mêmes, avec plaisir, et on insiste sur les légumes et la nourriture saine pour contrebalancer l'excès de restaurants.
On est bien !
On joue beaucoup avec Nano, on discute pas mal avec Hugo qui nous invite à un asado (barbecue argentin) succulent, à base de boudin grillé (bien meilleur que le boudin bouilli !), de bons morceaux de viande et du meilleur chorizo qu'on ai mangé.
À cette étape on aura tout eu : la nature et l'humain. Villa Union nous a réconcilié avec l'Argentine.
On s'est lié quelques jours (et fortement) à Hugo, seul dans son hôtel un peu à l'écart, et on était tous un peu tristes de se séparer le dernier jour.
Ça fait toujours aussi bizarre de rencontrer et quitter des gens aussi rapidement. Surtout quand on sait qu'on ne le reverra sans doute jamais.
Hugo qui prépare l'asado
On a de la chance, en arrivant à La Rioja, d'avoir les dernières places disponibles dans le bus pour Salta. Nous y attendent d'autres paysages magnifiques, même si bien plus touristiques.