mardi 7 avril 2015

Sucre, une étape tranquille (11j, 23/02/2015 au 05/03/2015)

On savait que le bus pour Sucre passe par Potosi. Ce qu'on ne nous avait pas dit, c'est qu'on allait devoir en sortir et courir quelques centaines de mètres avec les sacs à dos pour attraper au vol un autre bus pour Sucre. Ça c'est du trajet direct :)

Sucre est toujours la capitale de Bolivie même si le gouvernement est maintenant établi à La Paz, ce qui fait qu'on est loin de l'agitation habituelle des capitales. 
Dès qu'on arrive, on sent qu'on va se plaire : la ville est pas trop grande, mignonne avec de beaux restes coloniaux, le climat idéalement tempéré, sans problème de sécurité et avec des gens sympas ! 
Il faut savoir qu'il y a 3 ethnies majoritaires en Bolivie : les Guaranis en Amazonie (que nous ne verrons donc pas), les Aymaras (anciens guerriers à la dure) sur l'Altiplano (les pas sympas de Tupiza et d'Uyuni), et les quechuas (comme les sacs à dos Décathlon :p) entre les deux, à Sucre, Potosi, Santa Cruz et Cochabamba. Eux ils sont à la cool et on sent tout de suite la différence. 
En fait, la ville ne ressemble en rien à la Bolivie qu'on a vue jusqu'à présent. Comme écrit un peu partout elle fait plutôt penser à l'Europe. Avec même en prime de très bon chocolatiers !

On loge dans un hôtel original, la maison du consul honoraire de France (ça veut dire qu'il est bénévole), une très belle demeure coloniale où on trouve plutôt des gens qui font des longs séjours (d'une semaine à 3 ans). 
On y est vraiment bien, avec une vraie douche chaude, de l'espace, du calme et du confort. 
On fait progressivement connaissance avec nos voisins et aussi avec l'épicier d'en face, chez qui on passe à chaque fois au moins 10 minutes pour acheter une bouteille d'eau et surtout... écouter ses histoires :)

Notre hôtel

Les premiers jours, on profite de tout ce confort. On alterne bon restos pas chers (Sucre est aussi la capitale... culinaire de la Bolivie) et dîners au marché où on mange typique, c'est à dire du poulet. La Bolivie doit être parmi les plus gros mangeurs de poulets du monde vu la quantité engloutie chaque jour ! On lappe aussi beaucoup beaucoup de soupes !

Attablée au marché

On commence ensuite les visites d'églises, de musée et... de magasins de pulls en alpaga. 

La cathédrale de Sucre


Sur les toits de l'église de la Merced


La Casa de la Libertad, où fut signée l'indépendance de las Bolivie

Un beau musée de masques

Les rues toutes blanches ont leurs beaux balcons en bois (moucharabieh ?), les maisons leurs patios.



Le patio de La Posada, notre restaurant préféré

C'est aussi joli la nuit


On assiste à un spectacle de danses traditionnelles très recommandé mais décevant (comme une impression de spectacle de fin d'année), et à une messe pour admirer la cathédrale habituellement fermée au public.

Spectacle de danses traditionnelles pas terrible

On retrouve du wifi correct et on en profite pour prendre nos billets retour en passant par Cuba. Ça y est, notre voyage a une fin officielle, et c'est dans pas si longtemps que ça :(
On profite aussi de l'Alliance Française pour aller à notre première séance de cinéma depuis 1 an. 
On tombe au hasard des rues sur un kebab (!) et on déguste quelques cocktails dans un bar tranquille, avant de finir la soirée sur la place centrale avec de jeunes argentins bohèmes très cool. 

L'une des grande attraction de Sucre est le marché du dimanche de Tarabuco, un petit village à une heure de route. 
À l'aide du consul de France (qui connait bien la région) on s'organise une nuit chez l'habitant la veille du marché, dans un petit village de tisserands (la spécialité de Sucre) appelé La Candelaria.
On prend un mini-bus local pour y aller, à travers de beaux paysages, et on débarque en fin d'après-midi. 

En route pour le marché

Nos hôtes, Damien et sa femme, sont sympas même si pas forcément très chaleureux. Ils ont quelques animaux qui s'empressent de partager leurs puces avec Leila, mais cette fois-ci sans gravité. 
On va se promener un peu dans le village et on se fait sauter dessus par les habitants qui veulent nous vendre leurs tissus. Nous qui pensions nous être un peu éloigné des vices du tourisme...Mais on les comprends, et on culpabilise limite de leur dire non. 
On va ensuite dîner et admirer les tissus de notre famille d'accueil (ils mettent plusieurs mois à en faire un de moins d'1m2 !), puis on se couche tôt. Le lendemain, c'est levé à 6h pour aller au marché avec Damien.

Chez nos hôtes

On attend le bus qui va nous y amener avec tout le village. Plusieurs camions passent remplis de gens à ras-bord, et notre bus est tout aussi plein quand il quitte La Candelaria, passant sans s'arrêter dans les bleds d'après. 
C'est impressionant le nombre de personnes qui attendent un transport le long de la route !

On arrive à Tarabuco avant l'ouverture officielle du marché, qui se déroule dans les ruelles autour de la place centrale. 
C'est sympa de s'y balader, très typique, mais on reste un peu sur notre faim par rapport à tout ce qui est vanté dans les guides de voyages. Peut-être a-t-on trop vu de marchés cette année et n'arrive-t-on plus à s'émerveiller. Peut-être est-ce juste un banal marché. 
On apprécie quand même les habits traditionnels des hommes, pour une fois plus colorés et jolis que ceux des femmes. 




Notre hôte Damien dans son bel habit traditionnel

En rentrant, on reste encore quelques jours tranquilles, passant d'un QG à l'autre : Posada Restaurant, Métro Café, Abis Patio. 
On fait le tour du mercado central où on apprécie les bon jus de fruits frais et pas chers, et on goute au chorizo bolivien, assez réputé. 

La partie jus/salades de fruits du marché

Au moment de prendre nos billets de bus pour La Paz (on a décidé de sauter l'étape Potosi où on ne peut aller voir la mine d'argent car Laurent est chlostrophobe et la ville est a priori moins sympa que Sucre), on apprend qu'un bloceo (gens pas contents qui bloquent la route) rend l'accès impossible à Potosi, première étape vers le nord. 
On se renseigne et on apprend l'existence d'un micro-train (25 places), ignoré même des habitants, qui relie Sucre à Potosi 3 fois par semaines. On se décide pour ça sachant qu'un bloceo a une durée indéterminée, et on apprend finalement le jour d'avant le départ que la route est maintenant libre.

On prend donc le bus de nuit "bercés" par les pleurs d'enfants en bas âge, heureusement tout aussi confortable qu'en Argentine alors que beaucoup moins cher, direction La Paz, la grande ville bolivienne, où tout le monde nous a alerté de faire très attention, la sécurité des touristes étant parfois délicate. 
Bye-bye Sucre et la quiet life/dolce vita, bonjour La Paz et la crazy life. 

Tupiza à Uyuni, bonjour la Bolivie ! (7j, 16/02/2015 au 22/02/2015)

On passe la frontière, et directement on a l'impression de changer de monde. Contrairement aux Brésil/Argentine/Chili, la Bolivie est un pays moins développé qui, après avoir été l'État le plus riche d'Amérique du Sud au 19ème siècle grâce à la mine d'argent de Potosi, alors plus grande ville du monde connu avec 180 000 habitants, est maintenant le pays le plus pauvre du sous-continent ! 

Ça se ressent bien. Avant de prendre le bus pour Tupiza, notre première destination, on va dans un restaurant où on mange un menu entrée+plat+dessert pour 2,5€. Le bus ne coûte que 2€ (pour 2 heures de route) et à peine montés dedans, on a le droit au ballet des vendeuses de glaces/biscuits/sandwichs et même un petit garçon qui pousse la chansonnette. On est plus proche de l'Asie ou Madagascar que de l'Occident. 

On arrive à Tupiza, un gros village assez agréable et tranquille, avec la volonté de se reposer après le carnaval et peut-être d'embarquer pour un tour en 4x4 dans le Sud-Lipez et le Salar d'Uyuni. Il parait que le prix est plus élevé qu'à Uyuni, mais que le circuit est plus intéressant dans ce sens et que la qualité des agences est bien meilleure.

On loge dans un hostel moyen mais qui appartient à l'hôtel le plus luxe de la ville, où on peut profiter d'une belle piscine (même s'il ne fait pas chaud) et du wifi. 

On va se balader un peu et on trouve ce qu'on s'attendait à voir : une population préhispanique (indigène), des vêtements traditionnels (chapeaux melons, jupes bouffantes, nombreuses couleurs), un marché et des petites épiceries un peu partout en ville. Plutôt dépaysant.
Par contre, on est surpris par la froideur des habitants. Pourtant proche de l'Argentine du Nord, la mentalité est ici complètement différente, et on ne se sent pas vraiment les bienvenus. 

Les femmes en vêtements traditionnels : jupes bouffantes et chapeaux melons


Le marché où on mange vraiment pas cher le midi

On passe 3 jours à se reposer, manger du poulet au marché le midi et des pastas et pizzas le soir, spécialités des restos d'ici, et tester quelques agences de voyages. Une promet la lune, l'autre est plus honnête et annonce direct qu'en saison des pluies certaines choses sont infaisables (salar impraticable par endroits). On part pour celle-ci.
Et comme pour bien nous montrer pourquoi on risque de ne pas pouvoir traverser le salar inondé, une violente averse de grêle remplie les rues d'une fine couche blanche. 

Averse de grêle sur la piscine de l'hôtel, au fond

Le lendemain matin, on part sous le soleil. On est 6 dans le 4x4, avec 2 autres français (sympas mais avec certaines idées un peu particulières... qui ne méritent pas qu'on s'y attarde plus longtemps), le chauffeur et le cuisinier. 
On commence par de la piste qui grimpe, jusqu'à 4500m, et on se met à mâcher des feuilles de coca pour contrer le mal d'altitude. 
Pour cette première journée, on fait beaucoup de route à travers des prairies qui rappellent un peu la steppe mongole (avec des lamas à la place des moutons) pour rejoindre le parc national du sud-Lipez, à la frontière de la Bolivie, du Chili et de l'Argentine, où on verra les célèbres lagunes boliviennes.

Triple frontière Argentine/Chili/Bolivie

 On fait quelques haltes pour voir de belles formations rocheuses, des petits villages qui vivent des mines et des lamas, des ruines incas au pieds d'un beau volcan et un super point de vue à presque 5000m avant de redescendre vers notre hébergement sous un magnifique coucher de soleil. L'hôtel est étonnamment confortable par rapport à ce à quoi on s'attendait. 

Des belles formations de roches et terre

Des villages isolés qui vivent des mines et des lamas

Des ruines incas

Presque 5000m !

Le cuisinier nous prépare le premier d'une longue série de bon repas, et on va admirer quelques instant (pas trop parce qu'il fait froid) le ciel étoilé avant de dormir. 


On se lève tôt pour commencer la tournée des lagunes, toutes plus belles les unes que les autres. Elles sont alternativement remplies de différents minéraux qui leurs donnent des couleurs différentes et bien marquées, comme la Laguna Blanca ou la Laguna Verde. 

Laguna Blanca

Laguna Verde

On admire les vols de flamands roses, qui passent d'une lagune à l'autre, et les lamas, sauvages ou d'élevage.

Des flamands roses en plein vol

Un élevage de lamas


Les pompons roses c'est pour savoir à qui ils appartiennent :)
Le midi, après un passage par le désert de Dalí et ses très jolies couleurs, on se baigne dans des Aguas Calientes en face d'un paysage magnifique puis on déjeune à l'abri du vent dans un nouveau refuge. 

Désert de Dali


Aguas calientes

On passe par des geysers d'eau brulante (80°C à 100°C) avant d'arriver à notre hôtel, situé à côté de la perle de la région : la Laguna Colorada, qui est la plus grande mais aussi la plus belle des lagunes. 

Crevaison MD10 : moins de 10 minutes

sur la route des geysers


On a de la chance d'avoir les conditions optimales de vent et de température pour avoir une eau d'un rouge profond, unique au monde. 
Des plaques blanches de borax (un minéral utilisé par l'industrie du verre et celle du métal) rendent la lagune encore plus belle. 
C'est la saison des flamands et on les admire à loisir. 
Mais ça se couvre et se refroidi et on rentre à l'hôtel juste avant une brève chute de neige !

Laguna Colorada



Après dîner, on apprend qu'avec le beau temps des jours précédents, l'eau du salar s'est évaporée. On va donc pouvoir aller dormir le lendemain dans un hôtel de sel en bordure puis le traverser, contrairement à ce qu'on nous avait dit ! :)
Cette bonne nouvelle nous permet de passer une très bonne nuit malgré le froid glacial (tous les chauffeurs protègent les moteurs des voitures avec des bâches et des couvertures !). Oui mais, on se réveille super tôt pour commencer la journée course. Il n'y a pas assez de place à l'hôtel de sel (le seul ouvert comme on est hors saison) et mieux vaut arriver dans les premiers si on veut y dormir...

On a quand même le droit à des pancakes tout frais tout chaud (!) puis en route. 
On commence par l'arbol de pierre, une petite formation rocheuse très photogénique, puis quelques jolies lagunes, un pic-nic au milieu d'un champ de lave refroidie et enfin une route qui longe des plantations de quinoa. 

Arbol de pierre


Champ de lave fossilisée

Plantations de quinoa

C'est bon, on a une chambre à l'hôtel, et même la possibilité de prendre une douche chaude ! :)

Hôtel tout en sel !


On est arrivé tôt, alors on a tout notre temps pour se balader dans le petit village qui nous accueille et pour discuter avec les autres groupes qui font le même circuit que nous, et qu'on croise donc tous les soirs. Il y a beaucoup de francais, dont un couple qui fait un tour du monde avec 3 enfants, dont quelques mois en AmSud en camping-car. Ça conforte une idée qui commence à germer :)

Réveil à 4h pour aller prendre le p'tit dej sur le salar, et plus précisément sur l'île Incahuasi, une mini montagne au milieu de cette mer de sel. 
L'heure de 4x4 pour y aller est assez irréelle et débute dans le noir complet avant que la lumière n'augmente progressivement, faisant penser à un lever de soleil vu d'avion, avec tout ce blanc en-dessous de nous. 

De nuit sur le salar

Puis, on se dépêche de grimper au sommet de l'île pour voir le levé du soleil. 
C'est beau. Et fou. Tout ce sel, c'est un peu comme de la neige, sauf que s'en n'est pas. Et c'est tout plat. À l'horizon, le sol et le ciel se confondent. C'est perturbant.
Contrairement aux Salinas Grandes d'Argentine, on voit ici le salar complètement sec, ce qui donne une impression différente. Plus blanc, mais pas de reflets. Comme ça on aura vu les 2 :)

Levé du soleil depuis l'île Incahuasi, en plein milieu du salar


Au bout d'une heure, on redescend prendre le petit déjeuner sur des tables installées en dur au pied de l'île. 
Durant tout le circuit, tout est fait pour qu'on se sente bien.
Avec en plus un chauffeur et un cuistot très pro (en plus d'être sympas), on a été au top pendant 4 jours. 

Petit dej sur le salar

Ne nous reste plus qu'à rejoindre Uyuni en traversant le salar, une expérience un peu magique, ponctuée de quelques arrêts pour marcher sur le sel, voir un petit musée et un endroit où on travaille le sel. 





Une dernière visite au cimetière des trains d'Uyuni avant de se faire déposer dans un hôtel moyen, mais assez propre. 


On a décidé de ne pas partir comme tout le monde directement à Potosi, mais de passer une nuit ici pour voir l'ambiance, même si on ne nous en n'a pas dit du bien. Effectivement, les gens sont froids, la ville n'a aucun charme, mais on a quand même la chance de voir un mini carnaval, c'est la bonne période.

Après une nuit de réflexion, on décide de sauter Potosi (pour le moment) et d'aller directement à Sucre, qui est parait-il une ville très sympa, pour y passer quelques jours tranquilles et réfléchir à notre programme.