Nous voilà de retour à Tilcara (un petit village dans lequel on est passé en voiture quelques jours avant), deux jours avant le début officiel du carnaval, mais avec déjà beaucoup de monde et une ambiance festive.
Avant même le carnaval, l'ambiance monte
Le bled est plein.
Rien que dans la maison dans laquelle on loge on est 66 personnes plus le proprio et son père (c'est très local, on est les seuls étrangers) !!! C'est rien de dire qu'on est tassé, mais ce n'est pas gênant dans ce contexte. Ça favorise même plutôt les rencontres
On est un chouia serré...
Pour les deux premiers jours, on se met dans l'ambiance tranquillement, et on reste un peu à l'écart des rues agitées où les bombes de neige (sorte de mousse à raser qui fond vite sans laisser de trace) et les tubes de peinture sont de sortie. Ça nous donne une idée de ce qui nous attend :)
Il pleut un peu, alors on se repose au café du village qui a une des rares connexions wifi dispo et même un petit groupe de musique traditionnelle le soir.
Le samedi, le jour J, on part au carnaval avec quelques personnes de la guesthouse avec qui on a commencé à sympathiser : un jeune couple, deux filles de Buenos Aires et 3 autres filles du nord du pays. Direction un terrain vague un peu à l'écart du village, où le monde commence à s'amasser. Le flux de voitures qu'on voit au loin sur la grande route est impressionnant. Tout le monde converge vers Tilcara !!!
Il y a des vendeurs de bombes à neige, de talc et de peinture partout, les thermos qui servent habituellement à mettre de l'eau chaude ou froide pour le maté sont aujourd'hui remplis de fernet (alcool d'herbe) + cola. Il en tourne un ou plusieurs par groupe : ici on partage.
Les bombes à neige par dizaines/centaines
Le soleil cogne dur (on est à 3000m) et la musique est à fond. En attendant les groupes qui doivent arriver sous peu, on arrose avec ce qu'on a (bière, fernet) le diable au centre du terrain, une construction de pierre et d'herbe, symbole du carnaval.
Le diable, symbole du carnaval
On essaye d'éviter neige et peinture, mais on est très vite bleu, rouge, rose ; dans la barbe, les cheveux, les habits. On se reçoit régulièrement des pschits de neige dans le visage voir dans les yeux (mais ça pique pas) et on riposte farouchement. Ici, la vengeance est un plat qui se mange chaud. Quelqu'un s'approche du notre groupe avec de la couleur, on le repeint de blanc des pieds à la tête avec la neige artificielle.
Tout ça en se trémoussant en rythme sur de la musique bien typique et très entrainante.
C'est une bataille bon enfant et on ne ressent aucune agressivité, contrairement à certains événements en France où dès que les gens boivent ça débouche sur des cris voir des bagarres. Peut-être que cette agressivité s'exprime par la neige et la peinture. En tout cas on s'amuse comme des petits fous.
On ne voit pas non plus de personnes trop saoule malgré la présence de beaucoup d'alcool.
Bientôt, il y a tellement de monde qu'on a du mal à bouger. La bière aidant, les filles on besoin de faire un tour aux toilettes, et c'est le début de la fin : on se perd.
Une fois séparés, impossible de se retrouver là-dedans.
Un peu dur de se retrouver !
On fait des tours chacun de son côté, on grimpe sur un promontoire pour tenter de repérer l'autre. Sans succès.
On se retrouve une heure plus tard à l'hôtel, épuisés mais content d'avoir participer à ce moment de festivités.
Après une bonne douche chaude on ne veut plus ressortir. La fiesta est de plus en plus forte et présente partout. On fait rapidement quelques courses pour dîner et on est vite rejoint dans la cuisine par une quinzaine de personnes de la guesthouse qui fuient aussi les bombes à neige, pour une soirée guitare/charango (petite guitare bolivienne), fernet+cola et coca (les feuilles, pas la boisson ou la drogue). Un immense verre commun circule, un peu à la manière d'un narguilé, ce qui donne tout de suite une ambiance très chaleureuse.
Un argentin/bolivien qui chante faux, motivé par le fernet, sort tout son répertoire et fait danser la cuisine.
Soirée charango dans la cuisine
avec coca (pas cola), vin, fernet, maté
Plus la soirée passe, plus on comprend l'espagnol, bien aidé par deux trentenaires très sympas avec qui on accroche bien.
On fini par aller s'effondrer sur nos lits, épuisés par cette journée super intense.
Le dimanche, on se réveille sans envie de retourner "au combat" pour affronter la neige et la peinture.
Et on n'est pas les seuls vu le nombre de camarades dans la cour de la maison.
Un groupe prépare un asado (barbecue), tradition du dimanche, et ça donne envie. On se dit qu'on en mangera un au resto le soir, pour notre dernier jour en Argentine.
On sort se promener en choisissant des rues sans personne, et donc sans risque, puis on croise les deux trentenaires de la veille, attablés à une terrasse, qui nous invitent à boire une bière. On décline, ils insistent, on se joint à eux :)
Le champ de bataille
Et c'est parti pour une nouvelle super soirée, qui se poursuit à l'hôtel devant un asado auquel ils nous invitent (même pas besoin d'aller au resto).
On discute bien, on apprend plein de choses sur l'Argentine, on mange de la bonne viande. Nos nouveaux copains sont vraiment sympas, cool et intéressants.
Durant ces 4 jours, cette ambiance et ces rencontres auront été un beau bouquet final pour cette Argentine du Nord qui nous aura décidément charmée jusqu'au bout.
On se lève tôt le lundi pour aller attendre notre bus pour la Bolivie à l'extérieur du village (impossible pour lui de rentrer avec tout ce monde !). Il y a des embouteillages phénoménaux pour sortir, même si ça n'est rien comparé à la veille au soir où tout était bloqué !!!
Le bus arrive finalement avec une heure de retard, et on se laisse porter vers un nouveau pays le long d'une nouvelle route magnifique.
Comme à chaque fois qu'on laisse un endroit coup de cœur la nostalgie est là (la fatigue aussi :p), mais on continue notre route.
La route pour...
... la frontière bolivienne