mardi 31 mars 2015

Tilcara, un final en carnaval (4j, 12/02/2015 au 16/02/2015)

Nous voilà de retour à Tilcara (un petit village dans lequel on est passé en voiture quelques jours avant), deux jours avant le début officiel du carnaval, mais avec déjà beaucoup de monde et une ambiance festive. 

Avant même le carnaval, l'ambiance monte

Le bled est plein.
Rien que dans la maison dans laquelle on loge on est 66 personnes plus le proprio et son père (c'est très local, on est les seuls étrangers) !!! C'est rien de dire qu'on est tassé, mais ce n'est pas gênant dans ce contexte. Ça favorise même plutôt les rencontres

On est un chouia serré...

Pour les deux premiers jours, on se met dans l'ambiance tranquillement, et on reste un peu à l'écart des rues agitées où les bombes de neige (sorte de mousse à raser qui fond vite sans laisser de trace) et les tubes de peinture sont de sortie. Ça nous donne une idée de ce qui nous attend :)
Il pleut un peu, alors on se repose au café du village qui a une des rares connexions wifi dispo et même un petit groupe de musique traditionnelle le soir. 


Le samedi, le jour J, on part au carnaval avec quelques personnes de la guesthouse avec qui on a commencé à sympathiser : un jeune couple, deux filles de Buenos Aires et 3 autres filles du nord du pays. Direction un terrain vague un peu à l'écart du village, où le monde commence à s'amasser. Le flux de voitures qu'on voit au loin sur la grande route est impressionnant. Tout le monde converge vers Tilcara !!!

Il y a des vendeurs de bombes à neige, de talc et de peinture partout, les thermos qui servent habituellement à mettre de l'eau chaude ou froide pour le maté sont aujourd'hui remplis de fernet (alcool d'herbe) + cola. Il en tourne un ou plusieurs par groupe : ici on partage. 

Les bombes à neige par dizaines/centaines

Le soleil cogne dur (on est à 3000m) et la musique est à fond. En attendant les groupes qui doivent arriver sous peu, on arrose avec ce qu'on a (bière, fernet) le diable au centre du terrain, une construction de pierre et d'herbe, symbole du carnaval. 

Le diable, symbole du carnaval

On essaye d'éviter neige et peinture, mais on est très vite bleu, rouge, rose ; dans la barbe, les cheveux, les habits. On se reçoit régulièrement des pschits de neige dans le visage voir dans les yeux (mais ça pique pas) et on riposte farouchement. Ici, la vengeance est un plat qui se mange chaud. Quelqu'un s'approche du notre groupe avec de la couleur, on le repeint de blanc des pieds à la tête avec la neige artificielle. 
Tout ça en se trémoussant en rythme sur de la musique bien typique et très entrainante. 
C'est une bataille bon enfant et on ne ressent aucune agressivité, contrairement à certains événements en France où dès que les gens boivent ça débouche sur des cris voir des bagarres. Peut-être que cette agressivité s'exprime par la neige et la peinture. En tout cas on s'amuse comme des petits fous. 
On ne voit pas non plus de personnes trop saoule malgré la présence de beaucoup d'alcool. 

Bientôt, il y a tellement de monde qu'on a du mal à bouger. La bière aidant, les filles on besoin de faire un tour aux toilettes, et c'est le début de la fin : on se perd. 
Une fois séparés, impossible de se retrouver là-dedans. 

Un peu dur de se retrouver !

On fait des tours chacun de son côté, on grimpe sur un promontoire pour tenter de repérer l'autre. Sans succès. 
On se retrouve une heure plus tard à l'hôtel, épuisés mais content d'avoir participer à ce moment de festivités. 

Après une bonne douche chaude on ne veut plus ressortir. La fiesta est de plus en plus forte et présente partout. On fait rapidement quelques courses pour dîner et on est vite rejoint dans la cuisine par une quinzaine de personnes de la guesthouse qui fuient aussi les bombes à neige, pour une soirée guitare/charango (petite guitare bolivienne), fernet+cola et coca (les feuilles, pas la boisson ou la drogue). Un immense verre commun circule, un peu à la manière d'un narguilé, ce qui donne tout de suite une ambiance très chaleureuse. 
Un argentin/bolivien qui chante faux, motivé par le fernet, sort tout son répertoire et fait danser la cuisine. 

Soirée charango dans la cuisine

avec coca (pas cola), vin, fernet, maté

Plus la soirée passe, plus on comprend l'espagnol, bien aidé par deux trentenaires très sympas avec qui on accroche bien. 
On fini par aller s'effondrer sur nos lits, épuisés par cette journée super intense. 

Le dimanche, on se réveille sans envie de retourner "au combat" pour affronter la neige et la peinture. 
Et on n'est pas les seuls vu le nombre de camarades dans la cour de la maison.
Un groupe prépare un asado (barbecue), tradition du dimanche, et ça donne envie. On se dit qu'on en mangera un au resto le soir, pour notre dernier jour en Argentine. 
On sort se promener en choisissant des rues sans personne, et donc sans risque, puis on croise les deux trentenaires de la veille, attablés à une terrasse, qui nous invitent à boire une bière. On décline, ils insistent, on se joint à eux :)

Le champ de bataille

Et c'est parti pour une nouvelle super soirée, qui se poursuit à l'hôtel devant un asado auquel ils nous invitent (même pas besoin d'aller au resto). 
On discute bien, on apprend plein de choses sur l'Argentine, on mange de la bonne viande. Nos nouveaux copains sont vraiment sympas, cool et intéressants. 


Durant ces 4 jours, cette ambiance et ces rencontres auront été un beau bouquet final pour cette Argentine du Nord qui nous aura décidément charmée jusqu'au bout.

On se lève tôt le lundi pour aller attendre notre bus pour la Bolivie à l'extérieur du village (impossible pour lui de rentrer avec tout ce monde !). Il y a des embouteillages phénoménaux pour sortir, même si ça n'est rien comparé à la veille au soir où tout était bloqué !!!
Le bus arrive finalement avec une heure de retard, et on se laisse porter vers un nouveau pays le long d'une nouvelle route magnifique. 
Comme à chaque fois qu'on laisse un endroit coup de cœur la nostalgie est là (la fatigue aussi :p), mais on continue notre route.

La route pour...

... la frontière bolivienne

mardi 10 mars 2015

Salta la belle, hermosa ! (9j, 03/02/2015 au 12/02/2015)

Salta la linda (la belle), comme on l'appelle. Et toute la région, hermosa (magnifique). Et c'est vrai. C'est l'une des rares fois où on voit autant de belles choses en aussi peu de temps. 

Après le calme de Villa Union, on débarque dans l'une des régions les plus touristiques d'Argentine. Mais d'un tourisme très différent du sud et de Bariloche. Plus populaire, moins élitiste, plus "latin". Un peu cher aussi en cette période de vacances scolaires, mais quand même accessible.  
Ici, tout parait plus facile : hôtels pas complets, beaucoup de locations de voitures, des routes pas trop mal entretenues. Bref, tout se prête à une belle halte de plusieurs jours dont un road-trip que beaucoup font. 

Après la traditionnelle sieste d'après bus de nuit, dans un hôtel sympa tenu par une française, on part visiter la ville. Une des seules de la région qui a résisté aux tremblements de terre et qui a de beaux restes coloniaux. 
Il y règne une bonne ambiance, chaude et tranquille, avec quelques touristes de-ci de-là. Ça rappelle Mendoza en plus joli et plus touristique. 

La cathédrale de Salta


L'église la plus connue

On recherche ensuite une voiture de location pour faire le road-trip de la région : au sud jusqu'à Cafayate en passant par la quebrada (vallée) de las conchas et en revenant par la quebrada de las flechas avec un arrêt à Cachi, puis cap au nord pour quelques jours dans la quebrada de Humahuaca et ses montagnes colorées.


Pour la première journée on rejoint donc Cafayate au sud, le gros village touristique de la région, par une belle route qui traverse la quebrada de las conchas, des formations rocheuses plus ou moins figuratives aux jolies couleurs. On passe de la Gorge du Diable à l'Amphithéâtre, puis du Crapeau aux Châteaux. 
C'est très beau, et on a en plus la chance de prendre deux auto-stoppeurs (très nombreux dans la région) étudiants en musique, qui nous jouent des airs folkloriques au milieu des roches rouges. 

L'amphithéâtre

Des roches de toutes les couleurs

Les chateaux


Et nos auto-stoppeurs/musiciens préférés

Là-dessus, on arrive un peu tard à Cafayate, et la plupart des logements sont complets ; gloups. Heureusement, on nous indique un hostel encore dispo, sans doute un des moins chers de la ville. 
On va fait un petit tour au centre, très agréable, et on goûte à nos premières spécialités locales (tortillas dans la rue : sorte de galette nature ou fourrée jambon fromage, locro : ragoût de maïs et viandes, tamales : chausson de maïs à la viande) avant d'aller nous coucher. 
Malheureusement, il fait très chaud et il y a des moustiques dans le dortoir. La nuit est un peu difficile mais ne nous coupe pas dans notre élan. 

Notre découverte des tortillas argentines

Le lendemain on va en direction de Cachi, un village moins touristique que les autres car accessible uniquement par des pistes. 
Celle que l'on suit, la Ruta 40 (une des plus longues routes du monde, que l'on avait déjà suivi en Patagonie), passe par de tous petits villages "fantômes" et pittoresques et par la quebrada de las flechas, une vallée de quelques km parsemée de rochers dressés vers le ciel. C'est au moins aussi beau que la veille, et surtout on est presque seuls sur la route !




Las flechas


Une des plus longues routes du monde

Notre halte du soir, Cachi, devient rapidement notre hameau préféré. Pas grand monde, un climat frais qui fait du bien (altitude 2500m), une place centrale où la vie locale bas son plein sans stand touristique, des constructions et un artisanat rigolo en bois de cactus, un cimetière fleuri et une très belle église "so far-west" !

Cachi



On se lève tôt car on a une grosse journée de voiture. Entre cactus, montagnes colorées et petites pistes qui serpentent, on repasse au nord de Salta dans l'immense quebrada de Humahuaca, avec un premier arrêt à Purmamarca la ville de la montagne aux sept couleurs. Et on dit bien 7, même si une fois devant on ne sait pas trop lesquelles compter.


Petit village aux rues en terre battue, typique et très bien intégré à l'environnement, envahi par une jeunesse argentine baba cool en sac à dos et tente, tout s'articule autour de la place centrale remplie de stands d'artisanat bon marché de type bolivien et de cette même jeunesse qui vend le soir les bracelets et colliers qu'elle fabrique la journée pour continuer à voyager. C'est assez particulier et convivial.

Purmamarca


Le tout, surmonté par le Ciero de Siete Colores qu'on va admirer tôt le matin, quand la lumière du soleil le met bien en valeur. Une fois de plus on ne peut s'empêcher : hermoso ! D'autant qu'on est quasi tous seuls, les jeunes ayant fait la fête jusqu'à très tard juste en face de notre chambre, et dorment sans doute profondément :)

sa montagne aux 7 couleurs

et ses environs

On enchaine avec un détour aux Salinas Grandes, un petit salar, un avant goût d'Uyuni en Bolivie. Une auto-stoppeuse nous fait gouter nos premières feuilles de coca pour lutter contre l'altitude. C'est un peu comme avoir des feuilles de thé au fond de la bouche, avec un goût assez particulier. Après une route qui grimpe qui grimpe jusqu'à 4200m, on admire cette grande surface blanche de sel recouverte d'une petite couche d'eau qui fait miroir. On voit le ciel en haut et en bas ! C'est déjà beau en photo, mais en vrai c'est magique.

La route pour aller

aux Salinas Grandes


On passe nos deux dernières nuits de road-trip dans deux villages de la quebrada, Tilcara (altitude 2500m) et Humahuaca (altitude 3000m) qui lui a donné son nom. L'ambiance est partout jeune et baba cool, très sympa, avec un air de plus en plus frais au fur et à mesure qu'on monte.


On fait une croix sur la montagne aux 14 couleurs (!) qui impliquait 3 heures de piste aller/retour et on fait le tour de Tilcara pour trouver 2 lits pour la semaine d'après. On a appris que c'est carnaval, et tant qu'à être dans le coin autant voir ça de plus près. 
Évidemment tout est complet, mais on a la chance de dénicher une chambre d'hôte où il reste encore de la place, au prix très fort : x3 par rapport à d'habitude.
Mais comme on dit, l'essentiel est de participer, et on en sera.

Retour à Salta pour quelques jours de repos, une petite promenade dans le quartier riche de San Lorenzo et sa belle quebrada bien verte, une journée de pluies diluviennes, et une avalanche de posts sur le blog.

On se rappelle qu'on est a la saison des pluies !

Dans tous les petits villages on se sera régalé des tortillas locales, vendues pas cher dans la rue. On a aussi goûté au lama, de plus en plus présent à mesure qu'on se rapproche de la Bolivie.
A Salta, on craque pour une parilla (barbecue) de saucisses et tripes qu'on n'avait pas encore pris le temps de goûter. 
On retourne aussi dans le boui-boui qui fait "les meilleures empanadas de la ville" qu'on avait déjà adorées avant le road-trip.