jeudi 6 novembre 2014

Bilan Asie & 5 mois (du 4 mars au 4 août)

Laurent

La première chose que je me dis c'est que je ne suis pas déçu. C'etait une crainte que j'avais avant de partir. Savoir si cela valait le coup de tout laisser tomber. Tout le monde nous disait : "vous allez voir, ça va être génial, c'est incroyable, vous avez de la chance, profitez-en bien, etc.".
Je me le disais aussi, mais d'un autre côté je pensais que ceux qui me disaient ça n'étaient pas en train de tout plaquer, ne prenaient pas le risque de voir leurs attentes déçues.
Mais au final, le voyage est une expérience tellement enrichissante que je ne peux que me dire qu'on a fait le bon choix, qu'on a eu raison de ne pas bloquer notre envie d'ailleurs.

Je me disais aussi : "c'est bon on a déjà voyagé, on sait ce que c'est, on ne va pas revenir complètement chamboulé, on ne va pas rejeter le monde occidental, etc."
Je ne me trompais pas mais quand même, plus le temps passe, plus on prend le rythme, et moins on se voit rembrayer sur une vie parisienne pleine de sorties, d'amis, de boulot, de métro, etc. Même si des fois ça peut manquer un peu, 10-15 minutes, et puis on replonge dans le voyage.
On commence à songer à d'autres possibilités. Rien de concret, rien de précis, mais en voyageant on voit des endroits, parfois des villes, qui donnent envie.

Une chose étrange est notre vision des autres touristes. Plus ça va, plus on les fui. On a envie de sortir du "circuit" mais en meme temps on y revient tout le temps. Doit-on faire avec ou sans le Lonely, le Routard, le Petit Futé ?
On apprécie toujours la rencontre unitaire - je pense à Ben, Sarah et Galit, Vincent et Thierry, Blandine, Verner - mais on a vraiment du mal avec les masses de touristes, avec les auberges/usines. J'ai écouté une émission qui disait que ceux qui respectent le moins les SDF sont les autres SDF, qui se trouvent toujours plus méritant, plus à plaindre, moins feignant. C'est un peu l'image que j'ai de nous avec les touristes. Même si le fait de voyager aussi longtemps engendre forcément un décalage.
C'est plutôt schizophrénique, mais on finit par l'accepter.

Pour ce qui est de l'Asie, on connaissait un peu, on a adoré. De l'Inde spirituellement et culturellement fascinante mais difficile à aborder, au Laos touristico-teenage qui nous a déçu, en passant par la Mongolie si tranquille et différente du reste. Certaines villes sont coup de cœur (Séoul, Bangkok), d'autres nous ont déplu (villes chinoises). En parlant de la Chine, c'est une véritable découverte et de très belles rencontres. On a vraiment du mal à comprendre la mauvaise image qu'ont les chinois quand on les a côtoyé quotidiennement chez eux pendant 1 mois.
Globalement, les asiatiques sont extrêmement respectueux et chaleureux. Même si la communication est parfois difficile, les rencontres sont souvent fortes, agréables et marquantes. 

Quand je regarde les photos depuis le début, avec le recul je prends conscience qu'on a vu des choses magnifiques. La Birmanie nous a laissé sur notre faim mais elle n'en reste pas moins un pays très beau. Les étendues mongoles nous ont charmé que ça soit sous la neige dans la steppe, ou en plein cagnard dans le Gobi. La Chine et ses centaines de merveilles est un trésor naturel et historique.

On pourrait rester dans chaque pays 2 fois, 10 fois plus de temps. Voir plus de choses, s'attarder plus longtemps. On est toujours en train de jongler entre 2 envies : celle de voir beaucoup, et celle de voir bien. En termes professionnel, le quanti ou le quali ? :)

Au final, et même si ça n'est pas aussi facile que ça pourrait le paraître, je suis heureux de ce que nous avons fait jusqu'à présent, de notre trajet, de nos choix et de notre manière de profiter.
On fini l'Asie épuisés mais curieux et frais d'esprit pour découvrir un petit bout d'Afrique, avec une certaines appréhension sur ce qu'on va découvrir, sur certaines problématiques qui nous attendent, notamment la sécurité et les relations noirs/blancs dont on nous a dit qu'elles étaient parfois délicates.

Leila

5 premiers mois de voyage. 8 pays vécus très différemment ne serait ce que par le temps passé à travers chacun. 

L'Inde, incontestablement le pays le plus troublant, totalement différent, sans aucun repère connu ou assimilé, comme dans une bulle unique. 
C'est un voyage énergivore (Old Delhi!!! Varanasi!!!), fatiguant par toute cette agitation, ce vacarme constant où tous nos sens sont en alerte permanente, mais en même temps il se passe un truc. Un truc qui attache aux gens, à la culture et à la différence. 
Celle-ci caractérisée aussi par une  mixité culturelle et religieuse (hindoue, sikhs, bouddhistes et musulmans) que se soit à travers le patrimoine culturel, les lieux de culte ou plus simplement dans nos assiettes. ?

Difficile de revenir en quelques mots sur cette étape. 
Les camions colorés (l'inscription à l'arrière :  horn ok please), les saris, les couleurs les parfums et odeurs. La gastronomie la musique , le tintement des cloches dans les temples, les voyages en train...

Et puis c'est très étonnant, mais maintenant qu'on en est loin ça me manque un peu (et on finit par oublier avec le temps les moments de tension ou les regards masculins quelques fois oppressants).

Séoul : impressionnée au début, déboussolée ensuite puis trop éblouie le dernier jour par toutes ces lumières et ces quasi clones ultra fashion. 
(Nous n'avions pas vu autant de magasins depuis un moment et je me suis interrogée le premier jour sur l'intérêt d'en avoir autant à dispo!? Je me suis retrouvée dedans comme une hystérique le second jour, happée automatiquement...).

Mongolie : le coup de coeur. Une voyageuse croisée en Birmanie nous avait affirmé qu'elle aurait pu y mourir, sous ce ciel étoilé. Perso j'ai encore pas mal de ciels étoilés à découvrir mais ça résume un peu ce que l'on y ressent.

Les autres étapes de notre voyage ont toutes eu un petit quelque chose qui nous a marqué.

Le Népal où l'état de trans que l'on ressent à gravir toutes ces marches, où le contraste surprend d'un côté à l'autre de la frontière avec l'Inde. En Birmanie, la douceur et la finesse des birmans et l'élégance et la retenue des birmanes dans leurs longis (un peu déçus tout de même du rapport à l'argent qu'il peut y avoir à certaines régions, rattrapant en quelques années seulement la Thaïlande). Les petits villages en Chine où nous avons pris le temps de nous arrêter, les ethnies au Laos puis Bangkok dont on ne se lasse pas encore.

Autre point marquant, les traits du visage qui évoluent d'un pays à l'autre mais, qui restent très ressemblants à la fois.? Des traits qui s'accentuent , des yeux plus ou moins bridés.

Un visage par pays


Les rencontres aussi. En voyage, on va plus facilement vers l'autre.

Les locaux d'un côté. Certains nous ont aidé spontanément malgré la barrière de la langue. Bien que toutes les nationalités soient concernées, j'insiste sur les chinois : malgré tout ce que l'on a pu entendre, nous avons eu avec certains de vrais moments. Ils sont d'ailleurs très étonnants : discrets et bruyants à la fois, raffinés mapréset faire preuve d'un comportement assez déconcertant voir même "bourrin". Encore une différence culturelle à laquelle il faut se faire.

Les voyageurs de l'autre, (il y en a d'ailleurs pas mal en Asie - destination peu chère- plus sécuritaire et très dépaysante). on se retrouve à discuter avec des gens toute une soirée ou le temps d'un trajet. Nous avons parcouru avec certains un petit bout de chemin. 

En traversant tous ses pays, ses visages et regards, nous avons aussi évolué dans notre façon de voyager.

Après quelques mois :

La lassitude prend quelques fois le dessus. Alors nous prenons davantage notre temps et nous ne regrettons pas de ne pas découvrir les coups de coeur/ incontournables ou itinéraires conseillés par les guides de voyage. Nous avons encore quelques mois devant nous et nous avons appris à nous arrêter pour mieux repartir aussi (pas toujours évident - la tentation est toujours assez forte).

On est très content d'être parti et d'avoir pris cette décision. Quelques appréhensions forcément avant le départ, prendre le risque et lâcher son job.... Pendant que beaucoup de nos amis investissent dans leur appart. Absolument AUCUN regret. 
Ce n'est clairement pas la même expérience que de voyager plusieurs fois par an. C'est très excitant à chaque fois de se dire à la fin de chaque étape/pays que nous ne rentrons pas mais que nous repartons plus loin, un autre point sur la carte pour une nouvelle destination/culture/expérience. Le manque de confort ? Totalement compensé par la richesse du voyage.

Et puis on se permet plus d'écarts et dépassons un peu notre budget. 

Une amie m'a demandé si je me sentirai plus écologique en voyant tous ses paysages bruts. 

Il est certain qu'en traversant des paysages comme ceux que nous avons pu voir, notamment après le Népal ou la Mongolie, on a envie que tous soient protégés et préservés. Mais je ne serai pas pour autant militante :)

Pour l'instant, ce que je retiens : le partage et l'humain. Je serai toujours touchée de voir à quel point ce sont ceux qui ont le moins qui partagent le plus. 
Pas encore touchés par le système individualiste dans lequel on évolue. Et c'est ce qui est à mon sens à préserver.  c'est aussi très égoïste. 
On a envie de continuer à voir les traditions de ces villageois préservées de l'extérieur, ce qui fait leur authenticité, mais ils ont aussi le "droit" d'avoir l'électricité, la Tv, des outils plus modernes pour plus de productivité, avoir plus d'argent pour arrêter de survivre.... C'est le dilemme de la modernité et du "confort" matériel, une évolution (?) qui mettrait en péril cet aspect ?

L'autre réflexion est sur le voyage :  le tourisme détruit aussi l'authenticité tant recherchée-  On va dans des pays lointains aussi pour voir un autre système mais on y amène par notre pouvoir d'achat, ce rapport à l'argent ... On essaye d'avoir une attitude de touriste/voyageur respectueuse de l'autre et du contexte dans lequel nous sommes (ne pas réfléchir en €...)

Je n'aime pas ces discours un peu pathos mais c'est quand même un peu ça. 

On finit ces 5 mois en  Asie enchanté mais aussi fatigué et lassé par la chaleur, l'humidité et les piqûres de moustiques (sachant que j'y suis allergique!!!) , fatigué aussi d'être moite et de transpirer à peine la douche finie  ... Nous avons hâte de découvrir un nouveau continent : Africaaa
Nous connaissions l'Asie, je suis certes africaine mais d'abord toujours considérée comme maghrébine. Il s'agit là  de l'Afrique avec un A et non pas l'Afrique avec un M. 

1 commentaire:

  1. Comme notre bon vieux président - Lolo nous fais son bilan de semi mandat.
    C'est bien plus positif et agréable que chez nous ! ça donne envie !
    Quant au quanti / quali ? c'est un vaste débat !;)
    Et puis, ce n'est pas parce que je ne suis que peu présent sur la boucle Bonjour que je ne pense pas à vous hein !

    Au contraire, grosses bises à tous les deux,

    Alban

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