Laurent :
Ah l'Afrique. On y tenais tant. Un passage par ce continent était pour nous un impératif durant cette année (contrairement à l'Océanie qui ne nous attirait pas du tout). Inconnue, proche de l'Europe et en même temps difficile et chère d'accès, effrayante mais attirante. C'était la bonne année pour y mettre les pieds.
Connaissant déjà le Maroc, et pour cause, on avait longuement hésité entre l'est-sud ou l'ouest de l'Afrique, avant de choisir le premier pour Madagascar et des facilités d'accès (aéroports internationaux).
Trois étapes (en considérant ensemble l'Afrique du Sud et la Namibie), trois cultures et trois niveaux de développement bien différents (le grand écart africain entre Mada et l'AfSud).
Trois façons de voyager différentes : expat, volontariat, premier road-trip tous les deux. Aucune qui se rapproche de l'Asie.
Le voyage est ici moins facile, plus risqué, beaucoup plus cher. On y croise beaucoup beaucoup moins d'occidentaux.
On s'est plus ou moins bien intégré et imprégné des cultures, on a plus ou moins apprécié les gens et les ambiances, et au final ces presque 4 mois marquent une étape importante dans le voyage. L'âge de raison ?
On prend plus notre temps, on regarde moins le budget et on se frustre moins (on tend des fois plus vers le vacancier que le routard et on l'assume totalement, ne faisant pas une fixette du côté "roots" du voyageur), on s'ouvre à d'autres horizons avec des personnalités et des histoires bien différentes de l'Asie, des relations noirs/blancs qui questionnent et donnent envie de mieux comprendre.
On y a pris goût et on a maintenant envie de découvrir l'Afrique de l'Ouest dont on nous a dit qu'il est encore bien différent de ce qu'on a vu.
Personnellement, on n'a pas l'impression d'avoir changé tant que ça. Ce n'est que quand la famille et les amis viennent nous voir et nous remettent un peu dans le quotidien parisien/français qu'on se rend compte qu'on s'en est quand même éloigné plus qu'on ne pense.
On a ralenti, on a eu le temps de réfléchir à ce qu'on a vécu avant et pendant le voyage. On a vécu/emmagasiné beaucoup d'expérience(s). On a quitté certain idéaux, on essaye de plus être dans l'écoute et la compréhension que le jugement. On assume notre statut d'occidentaux avec ce que cela entraine (on sait qu'on paye plus) mais on refuse ce qu'il peut entraîner comme mauvaises pensée, de notre part ou de celle des locaux (condescendance, portefeuille ambulant). On est avec les gens comme on attend qu'ils soient avec nous, mettant de côté les différences sociales.
Ces idées très vagues et très abstraites viennent après un certain nombre d'expériences qui prendraient trop de temps à être toutes expliquées.
L'important pour moi, c'est de dire que ces expériences sont quelque-chose à vivre et ne peuvent pas s'apprendre dans les livres ou dans les films. Elles en sont le complément. Elles nous ouvrent l'esprit, et me conforte encore dans le choix qu'on a eu de partir.
On voit, on fait, on vit des choses. Beaucoup de choses.
Enfin, on prend goût à n'être que tous les deux. On se détache de certaines notions : paraître (on n'a pas souvent de miroir), compétition.
Ça va être dur de s'y remettre. D'ailleurs, en aura-t-on envie ?
Leila :
Tout a déjà été dit dans nos bilans par pays.
On croise beaucoup moins de voyageurs qu'en Asie, et pour cause. L'Asie est bien plus paisible, calme, nettement moins cher : un voyageur peut aisément se débrouiller avec un petit budget. L'Afrique ça se paye. Les transports publics sont peu développés. On ne passe pas d'un pays à l'autre comme bon nous semble. Pour nous, les transports publics nous permettent d'être en relation avec les autres, d'en faire partie d'une certaine façon.
Autant de raisons qui expliquent peut-être le peu de "tourmondistes" prévoyant ce continent .
Nous même avions finalement prévu d'aller en Afrique du sud et non pas vers l'Afrique de l'ouest à cause du prix du billet d'avion nous permettant de rejoindre le Brésil. Sans aucun regret.
Et puis ça se corse aussi en terme de sécurité, sachant que nous ne prenons jamais de risque, que nous ne sommes pas non plus de grands aventuriers. Ce sentiment d'insécurité a été souvent contraignant, limitant parfois nos sorties et déplacements. Limitant notre envie de se laisser aller. Sans trop prévoir. Essayer un petit boui boui au coin d'une rue, flâner dans les marchés. On l'aura fait mais avec plus d'appréhension. Nous nous sommes sentis parfois pas les bienvenus, scrutés avec une interrogation claire dans le regard : qu'est ce qui vous amène par ici vous 2 ?
C'est d'ailleurs bien dommage que l'on n'ait pas immortalisé certaines scènes du quotidien à certains endroits, toujours par soucis de sécurité. On les a bien en tête.
Parfois je regrette de ne pas être allée plus vers les gens, de ne pas être sorti de la voiture pour aller à leur rencontre , de ne pas en avoir pris en autostop. Quand je me remets dans le contexte, on n'était pas à l'aise, on ne voulait pas forcer les échanges.
Mais notre expérience restera magique, (et des échanges il y en a eu notamment à Madagascar et au Kenya avec les amis de Marie. )
L'Afrique c'est pour moi des sourires contagieux, un zoo géant d'animaux en liberté, des paysages à couper le souffle, une forte croyance religieuse qui s'apparente parfois à des sectes le dimanche matin durant la messe (sacrée), une musique entrainante, des formes généreuses (je trouve d'ailleurs assez étonnant que dans certains villages, le short choque bien plus les regards que les leggins ultra moulant très appréciés par ex en Afrique du sud :)), une pauvreté affligeante, une certaine élégance colorée coiffée de beaux chapeaux, une lumière et des couchers de soleil sublimissimes, la "colonisation des chinois" qui "pillent" les ressources avec le consentement d'un gouvernement vénal qui ne pense pas aux générations futures, la corruption, un système scolaire défaillant, des pays paumés après le départ des ex colonies ...
La fin de l'Afrique nous amène à quasi 9 mois de voyage (déjà!!). Nous étions fatigués à la fin de l'Asie, beaucoup moins après cette étape. L'étape Madagascar a été très éprouvante mais une des plus fortes. Nous avons passé du temps avec amis et famille. Cela fait aussi 9 mois que nous voyageons ensemble. À 2. Parfois seuls pendant très longtemps. On apprend à se connaître plus, soit même, et on redécouvre l'autre. On prend plus de recul, on juge moins rapidement, on accepte encore plus la différence.
Décidément ce voyage ne nous aura pas rassasié. On a encore plus envie d'en découvrir plus. l'Afrique de l'ouest par exemple. Retourner à Salary à Madagascar ... ce sont les pays où on attend le moins qui nous surprennent le plus.
C'est toujours avec un certain sentiment de tristesse et une appréhension de l'inconnu que l'on part d'un continent pour en rejoindre un autre. On sait que l'Amérique du Sud est très appréciée. Dernier continent. Nous n'avons pas encore nos billets retour, il nous reste encore quelques mois de voyage mais nous sommes plus proche de la fin.
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